
Pourquoi avoir choisi d’écrire les éditos sous le nom de Cyrano ? Parce qu’il incarne, à notre avis, les valeurs que nous défendons à Riposte Laïque.
Cyrano de Bergerac, libre penseur du XVII° siècle, est un personnage fascinant et d’une étonnante modernité, il a reçu l’enseignement de Gassendi, philosophe matérialiste, tenté par le scepticisme et néanmoins chrétien et il a fait partie des cercles libertins (adeptes du libertinisme, à ne pas confondre avec le libertinage !) qui rassemblaient les individus rétifs à toute règle imposée par la religion, la morale ou la coutume. C’est, également, un écrivain de talent et ses oeuvres satiriques, notamment l’Histoire comique des Etats et empires de la lune, témoignent d’un regard acéré et sans complaisance sur son temps.
Dans ce modèle de pensée libre, après un premier essai raté qui ne le transporte qu’au Canada, le narrateur parvient sur notre satellite et la rencontre avec ses habitants l’autorise à donner libre cours à ses réflexions contre les bien pensants, le clergé et Dieu. Le thème de l’héliocentrisme et de la pluralité des mondes en est le prélude et cette promenade interplanétaire tourne en dérision tout ce qui fait la fortune de l’Église catholique : l’immortalité de l’âme, les jésuites, le cérémonial chrétien qui accompagne la mort, la résurrection, les miracles, la prééminence de l’être humain sur les animaux et les végétaux (grandiose passage où le chou est déclaré l’égal des êtres humains) et allant même jusqu’à démontrer l’absurdité de l’idée de Dieu. L’adresse de Cyrano de Bergerac réside dans le retournement des controverses religieuses en les transposant dans cette société lunaire où sont considérées comme blasphématoires les conceptions défendues par le clergé terrestre.
Enfin, Cyrano doit une partie de sa popularité à Edmond de Rostand qui a excellé à en faire un héros auquel on s’identifie avec bonheur grâce à son panache, sa revendication incessante de liberté et son testament final où il prend à partie ses ennemis de toujours : « Le Mensonge, Les Compromis, les Préjugés, les Lâchetés et la Sottise ! ». Belle déclaration de guerre que nous reprendrons à notre compte dans Riposte Laïque.
Le numéro un de notre journal a été bouclé samedi dernier. On doit vous l’avouer à présent, c’était un pari de fous. Entre le moment où, avec quelques amis issus de Respublica, nous avons décidé de constituer ce nouveau journal, début août, et ce premier numéro, il ne s’est écoulé qu’un mois.
Trente jours, en plein mois d’août, pour former une véritable rédaction, trouver le nom du journal, débusquer un copain qui nous fasse un site sans nous faire payer trop cher le travail énorme que cela a nécessité, contacter un autre ami qui nous propose des logos, régler avec un autre copain de copain le mystérieux problème des listes groupées, trouver les bons articles pour un premier numéro, récupérer un maximum d’adresses auprès des proches, pour que ce premier numéro ne reste pas dans la clandestinité… Nous nous sommes fait beaucoup de cheveux blancs, et nous étions tous un peu fébriles samedi dernier.
Nous avions raison de l’être. Le premier envoi a été particulièrement difficile pour nous, car il faut bien que tout cela se rode.
Certains ont dû le recevoir plusieurs fois, nous nous en excusons auprès d’eux. Pour ce numéro, les mêmes désagréments risquent de se reproduire, car nous n’avons pas fini de contrôler nos listes, et d’en retirer les mauvaises adresses.
Les premiers retours que nous avons sont excellents, la fréquence des visites sur notre site [www.ripostelaique.com->www.ripostelaique.com] l’atteste. Vos réactions nous encouragent également. Certes, un ou deux grincheux nous ont reproché de nous moquer du Pape, ou d’être trop méchants avec les sympathiques islamistes. Mais globalement, nous sentons que l’esprit unitaire et rassembleur de ce journal, allié à une forte détermination revendiquée de défendre les principes laïques et féministes, suscite une énorme attente chez beaucoup de lecteurs.
Nous allons essayer, lors de ce numéro, et des suivants, chaque semaine, d’être à la hauteur de espoirs que nous avons provoqués.
Pour nous, la laïcité, outre le principe de séparation du religieux et du politique, c’est la liberté de conscience, le droit à la libre critique de tous les dogmes, donc de toutes les religions.
Les laïques et les républicains ont été leur cible, notamment dans des journaux comme Le Monde ou Libération .
Nous n’avons pas oublié leurs insultes, leurs procès en sorcellerie, leurs lynchages, quand, depuis la première affaire du voile à l’école, à Creil, en 1989, nous nous opposions déjà, au nom de la laïcité et de l’égalité hommes-femmes, à cette offensive obscurantiste de l’extrême droite islamiste.
Nous n’avons pas oublié les amalgames, les accusations de faire le jeu du Front national, la suspicion d’être des nostalgiques du colonialisme.
C’est d’une partie de la gauche plurielle et bobo, de la mouvance islamogauchiste des « Indigènes de la République », et des associations comme le Mrap de Mouloud Aounit ou la LDH de Dubois-Tubiana, que viendront les calomnies les plus fortes. Ces gens entendaient intimider, en les qualifiant d’islamophobes, tous les citoyens qui s’inquiétaient de voir le symbole de l’oppression des femmes gagner du terrain sur l’ensemble du territoire français.
La bataille de l’opinion, en 2004, lors de la bataille pour une loi contre les signes religieux à l’école, a été gagnée par les laïques et les féministes. L’extrême droite islamiste, qui est capable d’inviter à ses congrès des personnages aussi différents que Noël Mamère ou Christine Boutin, a subi une défaite cinglante et nécessaire.
Pourtant, trois années plus tard, que constate-t-on ? Le nombre de voiles progresse en France, provoquant une exaspération croissante de la population, notamment des femmes.
De plus en plus de mineures le portent. On voit de plus en plus de Belphégor, dont le passage dans les rues provoque un malaise visible chez les passants.
Mais personne n’ose dénoncer la gravité de cette situation, tout le monde préfère fermer les yeux, de peur d’être traité d’intégriste laïque, ou de raciste.
Robert Redeker a dû vivre cloîtré de longs mois, et voit aujourd’hui son existence bouleversée à jamais suite à un article paru dans « Le Figaro ».
L’hebdomadaire Charlie Hebdo a été trainé devant les tribunaux par toutes les composantes du Conseil Français du Culte Musulman, emmenés par Boubakeur et l’UOIF. Quant à notre ami Mohamed Sifaoui, il vit depuis quatre ans sous haute protection policière, comme nombre de ceux qui, en Europe, sont victimes des menaces des islamistes.
En France, une femme, Fanny Truchelut, propriétaire d’un gîte, dans les Vosges, sera traînée devant les tribunaux, le 2 octobre prochain, à Epinal. Son crime ? Avoir demandé à deux femmes de retirer leur voile, dans les lieux communs de son gîte, pour respecter les autres locataires.
Laurence Bonzani, directrice d’une école dans l’Essonne, a, elle, demandé à une mère, lors d’un accompagnement scolaire, de retirer son hijab. Elle est, elle aussi, accusée de racisme, et poursuivie devant les tribunaux par le procureur de la République, encouragé par les verdicts de la Halde. Pourtant, notre amie Michèle Vianès montrait, dans notre numéro un, qu’ils n’ont aucune légitimité dans nos principes républicains.
Nous avons rencontré Fanny, et discuté avec Laurence. La première n’est pas une militante, la seconde l’est chez les Verts.
Ce sont ces deux femmes progressistes, très attachées, chacune avec leur parcours, aux principes de l’égalité hommes-femmes, qui se retrouvent traînées devant les tribunaux.
Et qui dépose plainte ? Des militants islamistes qui montent des provocations. Eux qui n’ont pas un mot contre les dictatures et la tyrannie religieuse dans les pays où leurs amis sont au pouvoir. Ils sont trop souvent soutenus par des forces qui consacrent leur énergie à cracher sur la République et la laïcité, qu’ils présentent de manière récurrente comme liberticides et racistes. C’est une partie de la gauche qui relaie l’offensive d’une extrême droite politico-religieuse. On croit rêver !
Laurence, dans son malheur, a la chance d’être syndiquée, d’avoir des structures. Mais Fanny est seule.
Les uniques appuis qu’elle a reçus, à ce jour, se situent, outre quelques contacts amicaux avec notre réseau, au niveau de l’extrême droite.
Ces deux femmes ont besoin de soutien. A travers leurs deux cas, c’est toute la société française, et ses lois, qui sont interpellées. On ne peut laisser la seule extrême droite occuper ce terrain, sur des bases qui ne sont pas les nôtres.
Quelque chose ne va pas dans ce pays si c’est Fanny et Laurence qui sont poursuivies par le procureur de la République, sur plainte de militantes zélées de la cause du voile en France.
Riposte Laïque ne fera pas dans le « politiquement correct », ni dans le « laïquement correct » qui conduit, dans les faits, certaines bonnes âmes à ne pas bouger. Nous serons, comme ce fut le cas lors de ce qu’on a appelé « l’affaire Redeker », sans aucune réserve, sans aucune faille, derrière ces deux femmes, et nous espérons susciter le soutien le plus large possible autour d’elles.
L’heure n’est pas au sectarisme, ni à la division des laïques, ni aux grands discours incantatoires qui renforcement des clivages qui ne font qu’affaiblir notre camp. L’heure est au soutien et à la solidarité, car ces deux affaires sont révélatrices.
Tous les pays européens sont confrontés à l’offensive du voile islamique, et au détournement des valeurs démocratiques que les fondamentalistes tentent de nous imposer.
Dans l’Hexagone, les Eglises, cautionnées par l’Union européenne, où le Vatican est influent, rêvent d’en finir avec le modèle laïque français.
La loi de 1905 est aujourd’hui menacée par des propos d’Alliot-Marie, encouragée par Sarkozy.
Riposte Laïque n’a pas vocation à devenir une nouvelle association, qui ajouterait de la division à la division, et de l’éparpillement à l’éparpillement.
Nous nous contentons d’être un média laïque unitaire d’information et d’action, qui informe et mobilise nos lecteurs, que nous espérons de plus en plus nombreux.
Nous avons, de par nos expériences militantes, un réseau solide, en France, en Europe et dans le monde. Mais nous comptons sur nos lecteurs pour informer, et nous proposer des articles si le sujet leur paraît important. Nous voulons publier en priorité les papiers issues de la rédaction, et de nos lecteurs.
Nous n’avons aucun soutien politique. Nous avons monté ce journal, quels que soient nos engagements, indépendamment de toute association.
Nous avons la laïcité chevillée au corps, nous ne voulons pas vivre dans un pays où elle serait sur le recul. Nous ne voulons pas que le communautarisme, religieux, s’impose en France. Nous ne voulons pas de la dictature des bandes dont on parle parce qu’elles ont réglé leurs comptes dans Paris, et dont on tait les agissements quand ils ont lieu dans les quartiers populaires.
Nous considérons que la multiplication du nombre de voiles, constatée sur le territoire, est une agression contre toutes les femmes, mais aussi une insulte à l’égalité entre les sexes.
Nous ne voulons pas du modèle anglo-saxon que l’Union européenne veut nous imposer. Nous sommes attachés au modèle laïque et solidaire de la République, une et indivisible.
Si vous partagez ces idéaux, et voulez contribuer au succès de notre journal, faites-nous connaître, faites le circuler, abonnez des amis qui partagent notre combat.
Si enfin, vous souhaitez contribuer à ce que nous ayons des moyens militants, dont nous sommes aujourd’hui dépourvus, vous pouvez nous envoyer des chèques de soutien (nous avons reçu les premiers dès mercredi) à Riposte Laïque, 81, avenue Bernardy, 13001 Marseille.
Bonne lecture, et à la semaine prochaine.
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