Une pétition qui marche, un journal qui fait causer

« La calomnie, monsieur ! Vous ne savez guère ce que vous dédaignez ; j’ai vu les plus honnêtes gens près d’en être accablés. Croyez qu’il n’y a pas de plate méchanceté, pas d’horreurs, pas de conte absurde, qu’on ne fasse adopter aux oisifs d’une grande ville en s’y prenant bien : et nous avons ici des gens d’une adresse !… D’abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l’orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano, vous le glisse en l’oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et, rinforzando de bouche en bouche, il va le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’oeil. Elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. Qui diable y résisterait ? »

Ce texte inoubliable de Beaumarchais sonne aujourd’hui curieusement à nos sensibles oreilles. En décidant de créer Riposte Laïque, il y a trois mois, nous savions que nous ne nous ferions pas que des amis. En désignant clairement l’intégrisme islamiste comme fer de lance du combat contre les femmes, contre la laïcité et contre les libertés, en France et en Europe, pour le plus grand bonheur des autres Eglises, nous étions sans illusion quant aux amalgames qui allaient chercher à nous atteindre.

Le terme « islamophobie », inventé par l’ayatollah Khomeiny lors de la fatwa prononcée contre Salman Rushdie, en 1989, a, des années durant, servi à intimider tous ceux qui auraient eu envie de s’opposer à l’offensive de l’islamisme. Relayé inlassablement par la direction du Mrap et de la LDH, ce mot a été amalgamé à du racisme. D’après ces gens là, la critique de toutes les religions est permise, mais critiquer l’islam est forcément suspect, donc raciste.

Ces intimidations ne marchent plus. La campagne pour une loi contre les signes religieux à l’école, en 2003-2004, l’affaire des caricatures, le drame de Robert Redeker ont ouvert les yeux de la majorité de nos concitoyens, qui ne veulent plus se laisser intimider par ces amalgames grossiers.

C’est pourquoi, spontanément, la majorité de nos concitoyens n’a pas mordu à l’hameçon, sur l’affaire du Gîte des Vosges. Malgré une campagne de matraquage, qui a dépassé les seuls Mrap et LDH, cherchant à faire passer la propriétaire, qui a demandé à deux femmes de retirer leur voile dans les parties communes pour une méchante raciste, les « gens normaux » ont spontanément compris qu’il y avait, derrière cette affaire, un autre, enjeu, et ils ont majoritairement défendu Fanny.

Le verdict inique du procès d’Epinal, les insultes proférées par les avocats du Mrap, de la Licra et de la LDH contre des féministes, ont contribué au renforcement d’une prise de conscience, dans ce pays. En 2003, il fallait mettre un coup d’arrêt à l’offensive du voile à l’école, en 2007, il faut mettre un autre coup d’arrêt, sinon, les provocations vont se multiplier, et d’autres Fanny Truchelut vont se retrouver au tribunal.

Lancée dans une période de vacances, à la veille d’un grand pont, la pétition, impulsée par Michèle Vianès, présidente de Regards de Femmes, Anne Zelensky, présidente de la Ligue du Droit des Femmes, Annie Sugier, présidente de la Ligue du Droit international des Femmes, et Pierre Cassen, animateur de notre journal, rencontre un écho très fort (voir ci-dessous).

Que trois anciennes ministres, Yvette Roudy, Corinne Lepage et Françoise Hostalier, en soient les premières signataires montre, par la différence de leur engagement, qu’il n’y a aucune manœuvre partisane, et que nous ne sommes pas de ceux qui mettons du fil de fer barbelé, de manière politicienne, autour de la défense de la laïcité et du droit des femmes.

Nous ne sommes pas surpris que l’ineffable Mouloud Aounit, dès le lendemain de la pétition, se sente obligé d’écrire un article intitulé « du racisme anti-musulman », texte bien sûr abondamment relayé sur les sites islamistes. Le président du Mrap est dans sa partition, il est ouvertement le relais de l’offensive islamiste, il a défendu le voile à l’école, il a soutenu Tariq Ramadan dans son travail d’infiltration de la gauche, il défend la viande halal à l’école, il a condamné les dessinateurs danois et Charlie Hebdo, il a réclamé une loi pour réintroduire le délit de blasphème pour l’islam, etc. C’est son fond de commerce, même s’il mène l’entreprise « Mrap » à la faillite.

Nous ne sommes pas davantage étonnés que des élus des « Indigènes de la République » se permettent de qualifier un de nos animateurs de « raciste ». Ils n’ont toujours su écrire que cela, ils ânonnent ce terme de manière tellement obsessionnelle que plus personne n’y fait attention.

Ce qui nous a davantage consternés est la hargne manifestée contre nous par des réseaux dont les animateurs étaient encore, il y a quelques semaines, des proches, voire des amis. Que l’affaire des Vosges ait révélé des divergences d’approche sur la laïcité est une évidence. Notre conception, et nous l’avons proposé systématiquement, était que cette question permette un vrai débat, franc et loyal, dans notre camp laïque, en évitant, entre nous, les qualificatifs désagréables, les procès d’intention et les amalgames indignes des principes que nous défendons.

C’est pourquoi nous avons été désagréablement surpris d’être qualifiés d’ « ultra-laïciste » par une philosophe, nous pensions que c’était du côté du Vatican et des islamistes que nous allions entendre ces propos. Que dire du terme « villiero-compatible » employé à notre encontre par un site ami ?

Nous sommes peinés, ne le cachons, de lire dans certaines revues des propos nous qualifiant de complices de l’extrême droite catholique, dans sa croisade contre les musulmans. Le raisonnement est quelque peu simpliste. Riposte Laïque = Fanny Truchelut = Alexandre Varaut = Villiers = Extrême droite ! Nous sommes stupéfaits de l’apparition de sites courageusement anonymes, dont le seul but est de « dégommer » Riposte Laïque. Nous pensions que ce débat valait mieux que ces méthodes peu ragoûtantes, et espérons que ceux qui sombrent dans ce type de calomnies vont retrouver au plus vite le sens d’un débat fraternel et courtois qui aujourd’hui leur échappe totalement.

Dans un ouvrage, intitulé « 68-98, une histoire sans fin », l’inspecteur du travail Gérard Filoche, ancien trotskiste devenu membre de l’aile gauche du Parti socialiste, parle de la violence que les staliniens faisaient subir, dans les années 1970, à d’autres forces politiques. Il n’est pas question de juger si les gauchistes avaient raison ou tort contre le PCF, mais d’insister sur des principes démocratiques. On y lit, page 56, ces mots : « J’ai été vacciné contre tous les gros bras, au raisonnement obtus, sans scrupule, sans réflexion et sans recul, quand le « parti », quel qu’il soit, leur dit de cogner. Je les reconnais, je les hume, je les hais dans leur bêtise, et qu’ils soient de ma classe et de « bonne foi » ne m’émeut pas. Le respect des règles démocratiques est forcément lié à tout programme authentiquement socialiste : laisser parler, s’exprimer, s’écouter, et ne pas user de la violence au sein de la gauche. Savoir distinguer son camp, qu’il faut unir, de celui de l’adversaire, que l’on combat d’autant mieux qu’on est rassemblés et attentifs à nos légitimes sensibilités. Je venais de traverser ces épreuves de l’exclusion du PCF et de l’UEC, et cette violence stalinienne, moins impunément que je ne croyais, m’avait braqué, et avait développé en moi une sensibilité démocratique exacerbée, viscérale ».

Tout le monde n’est pas obligé de partager les options politiques de Gérard Filoche. Nul n’est obligé de partager toutes les orientations de Riposte Laïque. Mais puissent certains s’inspirer de ces quelques lignes, et retrouver la raison. Nous savons que notre journal est très lu, mais aussi très épié. Les « snippers » du web guettent la première faute, le premier écart, qui va leur permettre de déclencher l’artillerie lourde contre nous. Pour l’instant, l’air de la calomnie se joue en coulisse. Ils vont observer tous les signataires de la pétition, tout éplucher, décortiquer, pour mieux salir.

Nous les connaissons par cœur, et n’ignorons rien de leurs méthodes policières, basées sur la calomnie et le lynchage.

Cela ne marchera pas, nous resterons dans le débat d’idées, et ne nous laisserons pas embarquer dans des polémiques destructrices pour notre camp. Nous continuerons, comme notre ami Pascal Hilout le fait dans son article, à dialoguer fraternellement avec ceux qui expriment un désaccord avec nous, tout en nous montrant intransigeants sur le fond. Nous savons que notre discours est partagé par l’immense majorité de nos concitoyens, et c’est cela l’essentiel. Nous savons que la majorité des citoyens de ce pays en a marre de l’offensive du voile, et ne supporte plus les discours impuissants de certains moralisateurs.

Continuez à faire circuler la pétition, [www.halteauvoile.fr->www.halteauvoile.fr], envoyez la à votre député, à vos élus, faites nous connaître, faites circuler notre journal, abonnez vos amis, montez des réunions publiques autour de la pétition, de la laïcité, du féminisme.

Utilisons la force de la société civile pour imposer un rapport de forces qui fera reculer nos seuls véritables ennemis : le cléricalisme, dont le fer de lance, en France, est aujourd’hui l’islamisme.

Soutien à Riposte Laïque : chèques à envoyer au 81, rue de Bernardy, 13001 Marseille