Peut-on applaudir Ayaan, tout en continuant à caresser les islamistes dans le sens du poil ?

Nous sommes dans une période extraordinairement confuse. Le Tout-Paris politico-médiatique est venu applaudir, ce dimanche, à Paris, une femme exceptionnelle, Ayaan Hirsi Ali. Sarkozy lui a délivré un message de soutien, quelques semaines après avoir loué les vertus du déisme et de l’islam devant les princes saoudiens. Pourtant, elle s’est distinguée, depuis plusieurs années, en tenant des propos sans aucune ambiguïté sur l’islam. Ce n’est pas elle qui va parler d’une religion de paix, pervertie par les méchants islamistes. Elle dit carrément, comme notre ami Pascal Hilout, que le problème de l’islam, c’est le Coran et le prophète ! Pour elle l’islam est une religion arriérée, totalitaire, violente et elle pense que le salut des pays musulmans viendra d’un combat émancipateur sans concession contre l’obscurantisme de cette religion (1).

En France, dire cela a été longtemps impossible, sous peine de se voir qualifier de raciste, à cause de l’amalgame « islamophobie = racisme », lancé par l’ayatollah Khomeiny, relayé par le Mrap et la LDH, puis par toute la bien-pensance de gauche et parfois de droite, par les gauchistes communautaristes « Indigènes de la République, et enfin par Nicolas Sarkozy lui-même, à Alger.

C’est ce tabou, souvent présent à gauche, que nous avons choisi de briser, à « Riposte Laïque ». Depuis toujours, nous avons de l’admiration pour le courage et la détermination de cette femme. Nous défendons le droit à la libre critique de tous les dogmes, donc de toutes les religions, donc de l’islam. Nous respectons les croyants, mais revendiquons ce droit au blasphème que beaucoup contestent quand il s’agit de la religion musulmane.

Nous disons, tout comme Ayaan, qu’aujourd’hui, c’est l’offensive de l’islam politique, en France, en Europe et dans le monde, qui est le premier problème pour la défense du droit des femmes, la liberté d’expression, et la laïcité en France. Cette offensive se mène pour le plus grand bonheur des autres Eglises, qui espèrent en récupérer les fruits. Quand l’archevêque de Canterbury ose dire, en Grande-Bretagne, qu’il faudra se résigner à l’application de la charia, loi religieuse qui se veut supérieure à la loi de tous, il ne fait qu’illustrer la connivence des Eglises contre la démocratie et les femmes.

Il pouvait y avoir la crainte de l’instrumentalisation du combat d’Ayaan Hirsi Ali, à des fins partisanes et politiciennes, ce qu’a exprimé notre ami Mohamed Sifaoui, pour expliquer qu’il ne viendrait pas à cette soirée (2). Mais le gouvernement français, notamment grâce à la présence de Rama Yade, au discours remarquable, a su couper l’herbe sous le pied de certains organisateurs récupérateurs. Pas de sectarisme, la défense d’Ayaan n’appartient pas à la seule gauche, elle doit être le fait de tous ceux qui, dans ce pays, refusent d’abandonner une femme menacée de mort parce qu’elle critique l’islam (3).

Nous devrions nous réjouir sans aucune retenue qu’en ce dimanche, sans qu’elle n’ait fait la moindre concession à son discours, Ayaan ait été ovationnée debout par le public parisien. Nous serons totalement rassurés quand ils mettront en cohérence leurs applaudissements de dimanche avec leur action et leurs discours, et donc tournent le dos, pour certains d’entre eux, à leurs pratiques passées.

Certes, il ne faut pas être sectaire avec certains combattants de la vingt-cinquième heure, et se féliciter qu’ils aient été là. Mais il ne faut pas non plus être candides. Des causes comme celle que défend Ayaan, ou la défense des principes laïques, méritent autre chose que l’opportunisme d’une soirée, et nécessitent l’approfondissement de son discours. Car le sommet de l’hypocrisie et du double discours est atteint quand Ségolène Royal, présente dimanche soir, se permet, à peine 48 heures après, de faire la leçon à Ayaan avec condescendance, à l’émission de Jean-Jacques Bourdin sur RMC (4).

Ayaan nous alerte sur la dangerosité de l’islam, beaucoup de ceux qui l’applaudissent soutiennent le financement des mosquées, voire y participent directement. Ils ont préparé le terrain à Sarkozy. Ayaan est sans concession sur le voile, beaucoup de ceux qui l’applaudissent sont incapables de s’opposer même à la présence de burkas sur le territoire français, sans parler du voile à l’université ou pour les mineures. Beaucoup de ceux qui se pâment, le temps d’un dimanche soir, devant le courage de cette femme ont sali Fanny Truchelut, propriétaire du Gîte des Vosges, qui, seule, a résisté à une provocation de militantes islamistes. Ils ont parfois participé à son lynchage, l’ont laissé seule, alors que Fanny et Ayaan sont le même type de résistantes, avec leur histoire, face au totalitarisme islamiste.

Ni sectaires, ni candides, nous allons dans les semaines qui viennent, dans l’unité la plus large, organiser la solidarité et le soutien avec Fanny Truchelut, lors de l’appel de son procès. Nous ferons tout pour que cela ne se passe pas comme la première fois, hors de question de laisser Tubiana l’insulter impunément. Nous espérons convaincre beaucoup de militants qui commencent, grâce à des femmes comme Ayaan, à ouvrir les yeux sur la réalité de l’offensive islamiste, d’être cette fois aux côtés de l’ancienne propriétaire du Gîtes des Vosges. Nous n’aurons qu’un seul objectif : Fanny Truchelut doit être acquittée, et ne pas avoir d’amende exorbitante à acquitter.

Dans le même esprit, nous nous réjouissons du succès de la pétition lancée « Sauvons la laïcité de la République », par la Ligue de l’Enseignement, relayée par des dizaines d’associations (5). Soyons sincères, nous n’aimons pas certains passages, certaines ambiguïtés du texte, notamment sur le multiculturalisme, ou le monde global. Nous avons des divergences importantes avec cette organisation, à qui nous reprochons le concept de « laïcité ouverte », qui a préparé le terrain à la « laïcité positive » de Sarkozy. Mais ce n’est pas l’essentiel, ce qui compte, c’est qu’elle existe, que plusieurs dizaines de milliers de signatures figurent déjà au bas de l’appel, et s’en saisissent comme le seul outil existant, aujourd’hui, pour montrer leur disponibilité pour l’action. Cela montre, s’il en était besoin, l’attente qui existe dans ce pays, face à l’offensive de Sarkozy et d’Alliot-Marie, et à la provocation de Boubakeur.

Pour autant, là encore, aucune instrumentalisation n’est possible, si nous voulons gagner. Il ne s’agit pas, comme l’espèrent certaines associations satellites du PS, d’instrumentaliser la laïcité, qu’ils ont bradée depuis longtemps, pour tailler des croupières au seul Sarkozy et à l’UMP. Il faut regrouper tous les citoyens de ce pays, au-delà de leur appartenance, qui demeurent viscéralement attachés à la spécificité laïque de notre pays, que rappelait Ayaan dimanche. Pas de manœuvres politiciennes, unité sans préalable pour défendre la loi de 1905.

Une pétition peut être un bon moyen de préparer une mobilisation, à condition qu’elle ne soit pas une fin en soi. Chacun sait qu’il peut y avoir des dizaines de milliers de signataires, ce n’est pas seulement cela qui fera reculer Sarkozy. Les chauffeurs de taxi n’ont pas signé de texte, ils ont agi, avec leurs méthodes, contre le rapport Attali. Sarkozy, par ailleurs très affaibli en ce moment, ne reculera que s’il sent la montée d’une mobilisation, des premières manifestations, et qu’il craint un nouveau 16 janvier 1994. Ne pas envisager cela, en rester à une simple pétition sur la toile, c’est faire un baroud d’honneur médiatique, et se préparer à perdre sans livrer bataille.

Nous ne pouvons envisager que la loi de 1905 puisse passer ainsi à la trappe ainsi, cela ne ressemblerait pas au peuple français.

(1) http://www.lexpress.fr/info/monde/dossier/islamisme/dossier.asp ?ida=433059

(2) http://www.mohamed-sifaoui.com/article-16407495.html

(3) http://programmes.france3.fr/duel-sur-la-3/39472335-fr.php

(4) http://fr.youtube.com/watch?v=bFMiMovvuR4

(5) http://www.appel-laique.org

SOUTENIR RIPOSTE LAIQUE

http://www.ripostelaique.com/spip.php ?page=soutiens