Défendre Fanny Truchelut, Ayaan Hirsi Ali et Geert Wilders, une triple cohérence

Lors de l’affaire du Gîtes des Vosges, « Riposte Laïque » s’est retrouvé bien seul à défendre Fanny Truchelut, dans les milieux laïques. Le discours dominant était une condamnation sans ambiguïté. En demandant d’enlever leur voile dans les parties communes du gîte à deux femmes, dont une, Horia Demiati, se révélera être une militante de la cause du voile sur les lieux de travail, Fanny aurait transgressé la liberté que procure la laïcité, nous disaient quelques bonnes âmes. En acceptant comme avocat Alexandre Varaut, du Mouvement pour la France (la seule proposition qu’elle ait eue), elle aurait montré, comme le lui affirmèrent, de manière ignoble, à son procès, les avocats du Mrap, de la LDH et de la Licra locale, qu’elle était forcément intégriste catholique et raciste.

Nous apportâmes un soutien sans condition à Fanny. Cela nous valut des échanges vifs avec Caroline Fourest (1). Nous fûmes même qualifiés d’ultra-laïcistes et de villiero-compatibles par trois philosophes respectés dans les milieux laïques.

Ces désaccords, exprimé publiquement, permettaient aux lecteurs de percevoir, dans la transparence, une véritable divergence entre deux conceptions de la laïcité et du féminisme, face à l’offensive du voile.
Lors de la venue d’Ayaan Hirsi Ali, notre journal s’est réjoui de la solidarité qui entourait l’ancienne députée hollandaise, d’origine somalienne. Pour autant, je m’étonnais, dans un édito publié lors de sa venue, d’une certaine contradiction (2). Il semblait, en effet, que ceux qui défendaient Ayaan Hirsi Ali étaient bien loin de partager les propos de celle qui disait que le vrai problème était le Coran et le prophète. Notre ami Pascal Hilout ne dit pas autre chose.

J’avais, la semaine suivante, insisté sur le fait que les vrais esprits libres ne devraient pas craindre le discours d’Ayaan Hirsi Ali (3).
On sentait bien qu’il y avait, chez la majorité des défenseurs d’un soir d’Ayaan Hirsi Ali, une contradiction majeure : on accueillait Ayaan, on félicitait Wafa Sultan, mais on se préparait à lyncher un Geert Wilders, qui tenait des propos équivalents, en lui reprochant d’attiser la haine, de prôner le choc des civilisations, voire d’être raciste.

Cette contradiction a éclaté lors de la sortie du film « Fitna ». Nous nous sommes sentis bien seuls, dans le camp laïque, pour défendre le droit de ce film à exister, même si « Respublica » et « Faire le Jour » ont choisi de mettre Fitna sur leur site dès sa sortie. Nous ne sommes pas des critiques de cinéma, nous ne prétendons pas qu’il mérite un prix au prochain festival de Cannes, pas plus que nous ne défendions les caricatures danoises pour leur qualité artistique. Simplement, devant les menaces et les intimidations des islamistes, nous nous sommes réjouis que le courage et la détermination du député hollandais aient eu raison des pressions exercées contre lui pour le réduire au silence.

Il est toujours douloureux de lire, sous la plume de camarades pour qui nous avons beaucoup de respect, des textes que nous trouvons révoltants. C’est donc avec beaucoup de tristessse que nous avons lu des articles ignobles contre Geert Wilders, de la part de personnes qui se bousculaient devant les caméras pour faire la bise à Ayaan. Pas un mot de compassion sur la situation d’un homme qui vit, comme Mohamed Sifaoui ou Ayaan, sous haute protection policière depuis plusieurs années, un seul objectif, le salir et le démolir.

Le premier à dégoupiller fut Dominique Sopo, dans un article où il ose qualifier le député hollandais de raciste, parce qu’il n’attaquerait qu’un seul monothéisme (4). Radu Stoenescu, que l’article du président de SOS Racisme a indigné, décortique les dessous de ce discours, qui déçoit fortement, de la part d’un militant antiraciste qui a su se démarquer, par le passé, des positions du Mrap et de la LDH.

Dès le lendemain, Caroline Fourest a envoyé une deuxième torpille, dans un article intitulé « Que penser de Fitna ? » (5) Le but de cet article : montrer que Wilders est un raciste qui attise la haine contre les musulmans, et que, contrairement à Ayaan, il doit donc être combattu sans concession. Là encore, nous ne pouvons laisser passer de tels propos sans analyser ce papier, ce à quoi s’est attelé Roger Heurtebise.

Les propos de Caroline et de Dominique sont terribles. Ils ne viennent pas de personnages discrédités, comme Mouloud Aounit ou les « Indigènes de la République ». Ils viennent de militants respectés, qui ont fait leur preuve, dans leur lutte contre l’intégrisme islamiste. C’est aussi terrible que quand l’ajusteur Pierre Beregovoy, devenu ministre des Finances, expliquait qu’il n’y avait pas d’autre politique que le franc fort et la rigueur, qui ont coûté un million d’emplois à la France, dans les années 1990. Beaucoup de salariés se disaient : « Si un ouvrier honnête comme Béré le dit, c’est qu’il n’y a vraiment pas d’autre choix ». De même, le poids et l’influence de Caroline et Dominique, risquent de faire dire à beaucoup : « Si eux-mêmes, qui ont lutté contre l’islamisme, le disent, alors cela ne peut être que vrai, ce Wilders est vraiment un sale type ».

Mais on n’avait pas tout vu. Ce vendredi 4 avril, Philippe Val, le pourtant courageux rédacteur en chef de Charlie Hebdo, une des cibles de tous les intégristes, a ajouté une page dans le sordide, parlant de Wilders comme d’un « facho rasé », qui attise la haine, et a réussi une opération commerciale sur le dos des musulmans (6). Philippe aurait-il oublié que cet argument crapuleux lui a été opposé, lorsque Charlie Hebdo a publié les caricatures du prophète, en solidarité avec les dessinateurs danois ?

Pour ne pas être en reste, l’inévitable BHL a jugé le député hollandais « nul et haïssable ».
Seul Mohamed Sifaoui, qui, curieusement, avait attaqué Ayaan Hirsi Ali, a su avoir, sur son blog, une attitude digne et respectueuse, tout en sachant exprimer quelques désaccords sur le film. Qu’il en soit remercié. (7)

Si nos bien-pensants étaient cohérents, ils devraient aller au bout de leur démarche, et demander l’interdiction d’un film qu’ils jugent racistes, et attisant la haine contre une partie de la population. Or, manque de chance pour eux, la justice hollandaise vient de donner raison à Geert Wilders, et d’estimer que dans un pays démocratique, un citoyen avait le droit de critiquer une religion. (8)

En tout cas, ils ont habillé Geert Wilders pour l’hiver. Bien qu’Ayaan Hirsi Ali soit totalement solidaire de son combat, qu’elle ait milité dans le même parti que lui, qu’elle aille souvent encore plus loin dans la dénonciation de l’islam que son ami, elle est jugée fréquentable, et défendable, alors que Geert Wilders est forcément raciste, fasciste, xénophobe et adepte du choc des civilisations.

On peut ne pas partager le positionnement politique de Wilders, mais on ne peut pas accepter le lynchage dont cet homme courageux est victime, de la part de personnes qui ne vivent pas sous haute protection policière 24 heures sur 24, et ne sont pas menacées de mort.

Nul ne saura que ce « fasciste forcément raciste » défend les juifs, les homosexuels et les musulmans qui ont la volonté de s’intégrer, en respectant les règles du pays d’accueil.

Nul ne saura qu’il refuse tout contact avec le Front national, ou avec les autres partis d’extrême droite, en Europe.

Aucun de ses détracteurs n’aura un mot sur les conditions d’existence de cet homme, qu’on préfère faire passer pour un salaud, le renvoyant dos-à-dos, de manière ignoble, avec ceux qui rêvent de l’assassiner, comme ils ont hier assassiné Theo Van Gogh.

« Riposte Laïque » s’est crée parce que, justement, nous pensions que la gravité de l’offensive de l’islam politique, en France, en Europe et dans le monde, était dramatiquement sous-estimée par toute une partie de la gauche, et du mouvement laïque. Nous pensions nécessaire d’avoir ce débat, en toute fraternité, avec nos amis du camp laïque.

Car les faits commencent à ne plus pouvoir à être niés. Robert Albarèdes, dans son article, parle de l’offensive de la religion musulmane à laquelle sont confrontés de nombreux employeurs, souvent désarmés. La Halde, chouchou de la gauche bobo, vient de se faire épingler par « Le Canard Enchaîné », pour ses pratiques de faussaires et de maître-chanteur, ce qui réjouit, bien évidemment, Roger Heurtebise qui, depuis des semaines, nous explique les méthodes de cette officine communautariste.

Pierre Cassen explique l’utilisation abusive faite, à certains moments de l’histoire, des mots « racistes » et « fascistes », pour discréditer des militants, et imposer une pensée unique.

Nous savons les risques que nous avons encourus, en permettant à nos lecteurs de visionner un film que les islamistes et le gouvernement hollandais entendaient censurer, et en publiant une interview de Wilders. Nous savons que de bonnes âmes vont nous qualifier de complices de l’extrême droite, de racistes, voire dire, de manière un peu menaçante, que « Riposte Laïque » est dans une dérive inquiétante, et qu’il faudrait que ce journal se ressaisisse.

Nous persistons et nous signons. Nous sommes consternés de la réaction de certains membres de la famille laïque. Au nom de la défense de la liberté d’expression, de la laïcité, et de la libre critique de tous les dogmes, donc de toutes les religions, donc de l’islam, ils devraient défendre le principe de Voltaire, au lieu de lyncher lâchement un homme courageux, quels que soient les désaccords qu’on peut avoir avec lui.

Nous ne nous félicitons pas d’être parmi les rares à défendre Wilders, cela nous rendrait même tristes, si nous ne recevions pas de nombreux témoignages d’encouragements, d’amitiés et de félicitations de nos lecteurs.

Nous serons aux côtés de Fanny, demain, lors de son appel, comme nous l’avons été lors de son premier procès. Chacun à leur façon, avec leur histoire, nous considérons que ces trois personnages, Fanny Truchelut, Ayaan Hirsi Ali et Geert Wilders, sont d’authentiques résistants, face à un fascisme religieux totalitaire, et hélas à tous les lyncheurs qui hurlent avec les loups, en désarmant leur propre camp.

Nous souhaitons franchement bien du courage à nos amis, s’ils osent encore une fois s’afficher aux côtés d’Ayaan, devant les caméras et les sunlights, après la boue qu’ils ont déversée sur Geert Wilders.

(1) http://www.ripostelaique.com/Reponse-de-Riposte-Laique-a.html

(2) http://www.ripostelaique.com/Peut-on-applaudir-Ayaan-tout-en.html

(3) http://www.ripostelaique.com/Les-vrais-esprits-libres-ne.html

(4) http://www.liberation.fr/rebonds/318438.FR.php

(5) http://www.prochoix.org/cgi/blog/index.php/2008/04/01/1975-que-pensez-de-fitna-le-film-de-wilders-caroline-fourest

(6) http://www.radiofrance.fr/franceinter/chro/philippeval/index.php

(7) http://www.mohamed-sifaoui.com/article-18190326.html

(8) http://www.rtlinfo.be/rtl/news/article/116021/–Un+juge+n%C3%A9erlandais+des+r%C3%A9f%C3%A9r%C3%A9s+rejette+une+plainte+contre+Wilders