
Ça va mal. Les fins de mois sont de plus en plus difficiles et le travail une denrée qui se raréfie. L’euro cher met un coup de frein à nos productions et exportations. La retraite prend de plus en plus la forme d’un miroir aux alouettes et la protection de la santé devient un luxe réservé aux riches. Nos industries prennent le maquis en Chine ou dans les pays de l’Est. Nos services téléphoniques au Maroc. Pendant ce temps des centaines d’agriculteurs mettent la clé sous la porte, grâce à la PAC qui engraisse les gros et tue les petits. Pendant ce temps, le prix des matières premières, qui se font rares, explose. Pendant ce temps, notre Assemblée Nationale se contente d’être la chambre d’enregistrement des desiderata de Bruxelles. Pendant ce temps, le Cour de Justice de la Haye invalide les jugements des tribunaux nationaux. Pendant ce temps, des députés français osent, dans le saint des saints de la République française, l’Assemblée nationale, parler patois, pour revendiquer le droit de ne plus parler français en France, comme la Charte européenne des langues régionales les y autoriserait si elle était ratifiée …
Et, à tout cela, un dénominateur commun, qui ne s’appelle pas récession ni crise économique, jamais la France n’a été si riche – et la redistribution des richesses si injuste. Qui nous empêche d’investir dans la recherche ? Qui nous empêche d’investir dans l’éducation ? La B.C.E. et sa rigueur budgétaire. Qui nous impose de supprimer les services publics et de les remplacer par des entreprises privées qui remportent les marchés en tirant sur les salaires de leurs employés ? La B.C.E. et sa rigueur budgétaire. Qui a décidé de développer les agro-carburants, aux dépens de la terre cultivable et des productions vivrières, pour le plus grand bénéfice des Monsanto et compagnie ? Bruxelles. Qui impose aux députés français de voter la loi sur les OGM, faute de quoi la France serait tenue de payer une amende de 50 millions d’euros sans compter les pénalités de retard ? (1) Bruxelles … Qui soutient la Halde dans ses revendications communautaristes pour justifier le droit à toutes les différences, sur une conception anglo-saxonne de la société, voulant mettre à bas les principes laïques ? Encore et toujours Bruxelles !
Si on sortait des imprécations inutiles, si on passait aux choses sérieuses ? Si, au lieu de pleurer, de maudire les délocalisations, l’euro cher et les contraintes imbéciles de Bruxelles on cherchait LA solution ?
Je me souviens, lors de la campagne du TCE, des réunions publiques où j’étais à la tribune. Je ne pouvais pas m’empêcher de sourire, quand j’entendais la plupart des intervenants commencer leur discours par ce lénifiant : « Nous sommes profondément européens, mais nous sommes contre cette Europe ! ». Cette entrée en matière me paraissait totalement défensive. Ces militants, en admettant la disparition des Etats-Nations, se situaient déjà sur le terrain de l’adversaire. Les libéraux veulent l’Europe fédérale, l’Europe des Régions, les gauchistes voulaient l’Europe des travailleurs, finalement, ils étaient d’accord pour que la France disparaisse ! Il fallait surtout, dans le camp du « non », traquer les infâmes « souverainistes », les adeptes d’une confédération de nations.
Parmi les plus sectaires, certains se sont mis à saucissonner le non du peuple français, y voyant un « non de gauche » et un « non de droite » forcément incompatibles. La seule réponse, qu’ils ont été incapables d’émettre, était pourtant simple : 55 % de Français ont voté contre cette Europe, Jacques Chirac doit respecter le mandat du peuple français, et comme l’avait fait le Général de Gaulle en 1965, suspendre la participation de la France à l’Union européenne. (2)
A la place de cette interpellation, qui aurait eu du sens, on a vu les trois B (Buffet, Besancenot, Bové) rivaliser à qui mieux mieux pour récupérer la victoire du 29 mai 2005, avec le brillant résultat que l’on sait.
Nicolas Sarkozy, de manière subtile, lors de la campagne présidentielle, a joué sur le fort sentiment du non, notamment en tenant des propos protectionnistes, et en contestant l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, mettant ainsi en porte-à-faux Ségolène Royal.
On sait ce que tout cela est devenu, Sarkozy a bafoué, une fois élu, le vote des Français, en faisant adopter le traité de Lisbonne par le Parlement.
Il a pu le faire parce que la direction du Parti socialiste, bafouant les promesses de sa candidate pendant la campagne, a soutenu la démarche du Président de la République, et ne s’est pas battu pour un référendum. Cela ne doit pas nous faire oublier que de nombreux élus socialistes n’ont pas voté avec l’UMP, ni le remarquable discours, au Parlement, de Nicolas Dupont-Aignan (3)
Strauss-Kahn disait, lors de la campagne du TCE : « Il y a eu deux conneries : nous avons demandé un référendum, et Chirac nous a dit oui ». Sarkozy l’a récompensé à la hauteur de ses mérites.
Kouchner, sur un plateau de télévision, se vantait, avec Jouyet, d’avoir fait évoluer Nicolas Sarkozy sur la procédure d’entrée de la Turquie dans l’UE. Voilà à quoi servent les socialistes au gouvernement !
L’Union européenne continue à encourager les revendications les plus communautaristes, à vouloir détricoter la République, et veut en finir avec la laïcité, comme l’expliquait fort bien notre collaborateur Guylain Chevrier, avant la ratification de Lisbonne (4).
Mais un Mario Soares, qui en fut pourtant un des plus chaud partisans, met aujourd’hui les pieds dans le plat, et qualifie la construction européenne de catastrophe (5).
Les Français voient, au quotidien, non seulement l’impuissance, mais la nuisance de ce « machin ». Si on revotait, aucun doute, le « non » l’emporterait encore plus massivement. Parmi les raisons de son impopularité croissante, le président de la République paie au prix fort son impuissance politique, son absence de marges de manœuvre, et se voit réduit à faire de la gesticulation pour faire semblant d’exister.
Le PS paiera au prix cher sa nouvelle trahison. Mais que font les partisans du non ?
Ils sont consternants de timidité, continuant à ânonner qu’ils sont pour une autre Europe ! C’est aussi stupide qu’un pompier qui voudrait étendre un incendie avec un lance-flamme, c’est tout simplement impossible !
On peut et on doit donc, objectivement, se poser la question de l’intérêt de demeurer au sein de Europe et il serait temps de lancer le débat, interdit en France : personne n’ose réclamer la sortie de l’Europe. Personne n’ose même demander, tout simplement, que cette question soit abordée, avec ses avantages et ses inconvénients. De brillants orateurs, comme Jean-Luc Mélenchon, Jean-Pierre Chevènement, Nicolas Dupont-Aignan, pourtant tout-à-fait lucides sur cette les désastres de la construction européenne, continuent à vouloir réformer ce qui est irredressable, et nosent pas poser pas ce débat.
Villiers, à droite, a disparu de la circulation, lui qui a occupé le terrain pendant le référendum. Le Front national est aux abonnés absents, miné par ses problèmes de trésorerie. Il n’y a donc aucune excuse, pour dire que la revendication de sortir de l’Europe ferait le jeu de l’extrême droite, il faut donc trouver autre chose !
A « Riposte Laïque », nous ne proposons pas des solutions clé en mains, nous ne savons pas plus que le commun des mortels ce qu’il faudrait faire, mais nous souhaiterions que le débat ait lieu, tout simplement. Nous souhaiterions pouvoir mettre en perspective les avis des spécialistes, avoir des projections, des simulations. On ne peut quand même pas demeurer les bras croisés ! Nous sommes tous, actuellement, accrochés à un navire en train de sombrer en imaginant qu’un miracle pourrait le remettre à flot. Et si le miracle c’était de s’éloigner et de chercher une planche de salut ?
Pour ne pas être injuste, il faut préciser que des groupes, avec qui nous pouvons avoir des divergences, comme le Comité Valmy (6) sont aujourd’hui favorables à cette perspective, ainsi que le Parti des Travailleurs (7), qui a soutenu à bout de bras la candidature de Schivardi, aux dernières présidentielles. Réjouissons-nous au moins qu’ils osent le dire.
Les députés de l’UMP sont capables de mener une fronde contre les OGM. Qu’attendent-ils, avec des Jacques Myard et des Nicolas Dupont-Aignant, pour mener la même fronde sur l’Union européenne.
De nombreux élus socialistes ont refusé de voter le traité de Lisbonne. Les communistes également. Les organisations syndicales constatent chaque jour la nuisance de l’Europe sur les conditions de vie du monde du travail.
Alors, à quand des réunions publiques militantes, même avec des débats contradictoires, sur cette question ?
Ce débat ferait-il tellement peur à ceux qui, depuis des années, ont cessé de défendre la Nation, pour la plus grande joie du capitalisme ?
P.S. Pour aider les Irlandais à faire le bon choix lors du referendum sur le Traité de Lisbonne le 12 juin, vous pouvez leur écrire (8)
(1) http://www.fairelejour.org/article.php3?id_article=1739
(2) http://www.1000gifs.net/France/f2.htm
(3) http://www.dailymotion.com/video/x2gmza_sarkotraite-nicolas-dupontaignan_news
(4) http://www.ripostelaique.com/Les-enjeux-historiques-de-la.html
(5) http://www.verites.org/article-19416020.html
(6) http://notre.republique.free.fr/amisvalmy.htm
(7) http://www.parti-des-travailleurs.org/index.php
(8) http://www.irish-friends-vote-no-for-me.org/index.php?set_language=fr&cccpage=sign_petition