Fanny Truchelut doit être relaxée

Le 11 août 2006, Fanny Truchelut, propriétaire d’un gîte de montagne dans les Vosges, accueillait cinq personnes qui avaient réservé leur séjour par Internet. Deux femmes de ce groupe étaient ostensiblement voilées. Surprise par un voile aussi patent, Fanny leur a demandé de bien vouloir le retirer dans les parties communes de son gîte, en hôtesse soucieuse de préserver l’harmonie d’un lieu paisible et les convictions de ses autres locataires qu’une tenue symbolisant la soumission des femmes pouvait troubler.

Son interlocutrice, Horia Demiati, militante active du port du voile – notamment sur les lieux de travail – se montrera intransigeante, repoussant le compromis proposé par la propriétaire. Devant cette attitude, et à la demande de la cliente, Fanny Truchelut lui a rendu ses arrhes, pensant ainsi clore le différend par accord mutuel.
Mais Horia Demiati est allée aussitôt porter plainte, soutenue en la circonstance par le Mrap local.

Le procès de Fanny Truchelut a eu lieu quinze mois plus tard, le 2 octobre 2007, à Epinal. L’accusée, qui s’est retrouvée bien seule, a été salie par les avocats du Mrap, de la LDH, de la Licra, et même par la presse locale, chacun de ces organismes s’empressant de voir en elle une femme « raciste » et, qui plus est, « peu intelligente » !
Conséquence : Fanny Truchelut a été condamnée pour « discrimination religieuse » à quatre mois de prison avec sursis et à 8.490 euros d’amende et de dommages et intérêts. L’accusation de racisme n’a pas été retenue.

On ne peut qu’être abasourdi par la sévérité d’une telle condamnation et par sa disproportion avec d’autres sentences : défendre l’égalité républicaine en s’opposant à la « négation de l’égalité des sexes » coûterait donc plus cher que mettre en danger la vie d’autrui ?

Rappelons qu’en 1998, à l’hôpital de Bourg-en-Bresse, un mari musulman, qui s’était opposé violemment à ce qu’un obstétricien assistât son épouse lors d’une délivrance difficile, s’est vu condamné à 1000 euros d’amende (il avait, quant à lui, l’outrecuidance de demander 100 000 euros de dommages et intérêts en raison du handicap dont son propre enfant a été victime suite aux interminables minutes qu’ont exigées les négociations destinées à permettre l’intervention du médecin accoucheur).

N’oublions pas que l’homme qui a menacé de mort Robert Redeker n’a été condamné qu’à 750 euros d’amende et à 6 mois de prison avec sursis, alors que depuis cette fatwa, Robert Redeker connaît l’enfer d’une existence cloîtrée.

Comment ne pas être révolté face à la situation alarmante de Fanny Truchelut, qui, peu après sa condamnation, a dû vendre son gîte, changer de domicile, pour se retrouver finalement, à cinquante-quatre ans, dans l’obligation de se reconstruire seule, avec, à charge, ses deux plus jeunes enfants !

Son procès en appel aura lieu dans les prochaines semaines, à Nancy. Nous lui apportons d’ores et déjà notre indéfectible soutien doublé d’une solidarité sans faille. Nous demandons qu’elle soit relaxée.
Une peine de prison, même avec sursis, serait déplacée pour cette femme qui a toujours veillé à éduquer ses quatre enfants dans le respect des lois.

En outre, une amende ou des dommages et intérêts, dont la plus grande partie récompenserait le Mrap, la LDH et Horia Demiati pour leur militantisme discriminatoire, serait non seulement inique mais grèverait – peut-être pour toujours – la possibilité qu’a Fanny Truchelut de s’en sortir.

Par ailleurs, ce procès est un test grandeur nature pour la société tout entière. Des directrices d’écoles, des enseignantes et des enseignants ont déjà été déférés devant les tribunaux pour avoir contesté la présence d’accompagnatrices voilées lors de sorties scolaires.

Or, le 27 juin 2008, le Conseil d’Etat a refusé d’accorder la nationalité française à une femme d’origine marocaine qui portait la burqa. Fadela Amara, secrétaire d’Etat à la Ville, a jugé cette décision « excellente, légitime, particulièrement crédible parce qu’elle se fonde sur les valeurs de notre République ». Mieux : lorsque Le Parisien du 16 juillet dernier a demandé à Fadela Amara si elle faisait « la différence entre le voile et la burqa », la secrétaire d’Etat à la Ville a répondu ceci : « Tout est question de centimètres de tissu. Mais pour moi, c’est la même chose », rendant ipso facto « excellente, légitime, et particulièrement crédible » la décision par laquelle Fanny Truchelut s’est opposée, le 6 juillet 2006, « au port du voile, qui n’est pas un signe religieux mais, comme la burqa, un signe d’oppression des femmes » (Fadela Amara, Le Parisien, 16- 07-2008).

Toute condamnation, même symbolique, de Fanny Truchelut serait donc interprétée par les fondamentalistes musulmans comme un encouragement à multiplier les poursuites judiciaires à l’encontre de ceux qui entendent défendre « les valeurs de notre République », et contraire à l’Arrêt du Conseil d’Etat du 27 juin 2008.

Les valeurs de la République française « ne sont pas négociables » !
Voilà pourquoi nous demandons au législateur de prendre les dispositions nécessaires pour que des personnes lucides et courageuses comme Fanny Truchelut ne soient plus traînées en justice par ceux-là mêmes qui rêvent de voir les lois religieuses se substituer aux lois de la République.

Premiers signataires : Anne Zelensky, présidente de la Ligue du Droit des Femmes, Michèle Vianès, présidente de Regards de Femmes, Annie Sugier, présidente de la Ligue du Droit International des Femmes, Pierre Cassen, animateur de Riposte Laïque, président de l’Ufal des Yvelines, Pierre-André Taguieff, philosophe et historien des idées, directeur de recherche au CNRS, Anne-Marie Lizin, sénatrice belge, Robert Redeker, philosophe, Michèle Tribalat, démographe, Jean-Paul Brighelli, professeur, Monia Haddaoui, association Ghofrane, Ivan Rioufol, journaliste, Jean-François Chalot, président de l’Ufal 77, Martine Ruppé, présidente du Comité Ornais de Défense de la Laïcité (COD), Denis Pelletier, président sortant de l’Association Des Libres Penseurs de France, Inspecteur de l’Education Nationale honoraire, Evelyne Rochedereux, militante féministe, présidente associative, Simon Blumental, président d’Algérie Ensemble, Danièle Ney-Kemp, productrice-journaliste en Australie, Eric Chenut, militant LDH 54, Françoise Flamant, auteure, Léon Ouaknine, ex directeur général de l’Institut Universitaire de Gérontologie Sociale du Québec, Sylvain Gouguenheim, professeur d’histoire, Nora Cheddad, Co-fondatrice de la Coordination des Berbères de France, Johannes Robyn, président de l’Union des Athées, Esther Fouchier, présidente associative marseillaise, Ziad Goudjil, Histoire de Mémoire, Catherine Vieu Charier, adjointe au maire PCF de Paris, Pascal Hilout, fondateur du nouvel islam, Jean-Claude Santana, président de l’Ufal du Rhône, Michèle Bruhat, militante féministe et laïque, David Dawidowicz, rescapé de la Shoa, Halim Akli, militant laïque algérien, Nathalie Planchou, membre de la Grande Loge Féministe de France, Dominique Gay, médecin généraliste, Sophie Ribot-Astier, avocate, responsable associative, Stéphane Arlen, site Faire le Jour, Hubert Sage, président de l’UFAL-38, président du cercle « Laicité et République Sociale », Irène Saya, présidente de Perec, Pierre Lefebvre, président de Primo, Pierre Régnier, ancien secrétaire national CFDT de la radio-télé publique, Jean Boudrières, président de l’Ufal Haute Garonne, Daniel Nys, président de la FCPE 85, Maryse Arditi, conseillère régionale, Thierry Pontillon, syndicaliste, directeur d’école,
Véronique Hervouet, écrivain-essayiste, Mireille Mavrides, élue PCF Marseille, Khacer Med Ouramdane, président de « AFus Deg Wfus », Association laïque de Culture Amazighe (Berbère) à Roubaix, Suzy Candido, présidente de l’Ufal de Toulouse, Roland Monnet, Président du « Cercle Edgar Quinet Aristide Briand, Michèle Dayras, présidente de SOS Sexisme, Albert Richez, militant d’Attac France, Claude-Jean Lenoir, président-fondateur du cercle Condorcet-Voltaire, Chantal Crabère, retraitée de l’Education nationale, Kebir Jbil, président de l’Ufal de Strasbourg, Robert Albarèdes, maire honoraire de Gréasque, Arielle Campin, étudiante en psychologie, vivant en Australie, Pierre Baracca, président de l’Ufal de Lille, Hervé Boyer, conseiller municipal à Golbey (88), Dominique Farcis, Secrétaire Départemental de Debout la République 92, Christine Tasin, militante du MRC17, Roman Bernard, rédacteur du blog Criticus, Evelyne Szafarz, professeur assistant, française, vivant aux Etats-Unis, René Andrau, essayiste, Josiane Sberro, chef d’établissement retraite, vice-présidente Primo, Alain Rubin, conseiller prud’homal FO, Sophie Micoud, citoyenne de la République laïque, André Le Lan, chevalier de la Légion d’honneur, Adeline Fauconnier, conseillère principale d’Education, Annie Piotte, LDH Roanne, Paul Landau, écrivain et chercheur, Catherine Deudon, photographe, Louis Chagnon, professeur d’histoire chargé de recherche, Simon Archipenko, président de Voltaire République, Marie-José Letailleur, infirmière, présidente de l’Ufal de Champs-sur-Marne, Christine Florentin, ex-responsable Mrap Nantes, Ricardo Zugaro, pianiste concertiste, Laurence Gresse, enseignante à Echirolles (38), Jean-Loup Bidot, professeur de philosophie, Malka Markovich, consultante internationale des droits humains, Roland Churard, maire-adjoint PCF de Nandy, Brigitte Bré Bayle, enseignante à Marseille, André Gomar, société des Athées de Saint-Denis, Georges Brousse, militant laïque (Libre Pensée), Mireille Popelin, enseignante retraitée, présidente de l’Ufal de Lyon, Guy Philippe, agrégé de mathématiques à la retraite, Maurice Vidal, professeur de philosophie, Huguette Chomski Magnis, responsable associative, Pierre Crolais, militant laïque, Lemballe (22), Isabelle Voltaire, administratrice nationale de l’Ufal, secrétaire de l’Ufal 77, Salvatore Pertutti, militant athée, Gérard Charollois, Président de la convention vie et nature pour une écologie radicale, Radu Stoenescu, philosophe, Aube Passeron, citoyenne laïque, Denis Carnet, LDH Le Pecq, Serge-Maximilien Jaurais, président de l’Ufal de Savigny-le-Temple, Patricia Degallaix-Maury, sage-femme, Guillaume Plas, commissaire de police honoraire, Rosa Valentini, enseignante, trésorière de l’UFAL des Yvelines, Alain Bonet, enseignant, Emmanuel Itié, ingénieur en informatique, Charlotte Bré, enseignante, Guylain Chevrier, historien, administrateur national de l’Ufal, Sorel Zissu, retraité, Régis Rousseau, photographe, Yves Pialot, retraité Education nationale (professeur de lettres), Simon Pilczer, médecin, Guy Beaupin, chef d’entreprise retraité, Jean-Eric Lagesse, libraire, Jacqueline Duhem, agrégée d’Histoire, sécrétaire Ufal Lille, Jacky Eonin, retraité, Leon Tourtzevitch, enseignant retraité, Benoît Drouot, professeur d’histoire géographie en lycée, Annie Lecompte-Billard, institutrice retraitée, Vincent Maunoury, traducteur, Annie Ségure Daudé, directrice de crèche, retraitée, Michel Tonarelli, informaticien, Pierre Bellenger, ancien conducteur de travaux publics, Jacques Le Roux, citoyen laïque, Françoise Magnard, retraitée de l’enseignement public, Roger Felts, médecin psychiâtre, Alain Escriou, installateur, Annick Mouillé, retraitée de l’EN, Louis Houdayer, Ufal Ardèche, Zoé Bosquet, retraitée, Jean Logier, Ufal 62, Jean-Luc Romero, militant associatif, Alexandre Feigenbaum, chercheur, militant associatif, Jacques Thurin, membre de l’Action catholique ouvrière, Marie-Ange Ferran, institutrice, Decrop Véronique, Association Phare, Claude Rochet, professeur des universités, Lena Vandrey, artiste, 07 Bourg-St andéol, Mina Noubadji, enseignante, Régine Flécheux, 08 Charleville-Mézières, chômeuse, Regina Chapelot, retraitée 95 ans, Christophe Hordé, président de l’Ufal 78-7, Maryse Haslé, enseignante, secrétaire du CVDL (Comité Vendômois pour la Défense de la Laïcité, Micheline Montot, enseignante.
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