
Le titre de notre dernier édito était sans ambiguïté : Finkielkraut et Sifaoui nous ouvrent les yeux sur le péril islamique, tandis que les « laïquement corrects » nous désarment (1). Nous y brocardions ceux qui masquent leur silence devant l’islam en faisant beaucoup de bruit contre le Vatican dès qu’un évêque intégriste tient des propos négationnistes, ou que le Pape raconte sa conception peu moderne du préservatif.
Nous terminions en souhaitant que les propos de Alain Finkielkraut, de Mohamed Sifaoui, et de la jeune Saliha Ibersiene (2) ouvrent enfin les yeux des militants du petit monde laïque, et que l’offensive de l’islam y soit enfin dénoncée avec la vigueur nécessaire.
Dans le numéro précédent, dans un article intitulé « l’affligeante complaisance de Henri Pena Ruiz avec l’offensive islamique », (3) notre ami Pascal Hilout, dans cet esprit, relevait que ce dernier était bien plus percutant avec le Vatican qu’avec ce qu’il appelle l’islamisme. Il s’étonnait que, parlant de la loi contre les signes religieux à l’école, il se refuse à dire clairement que c’est le voile qui constituait le vrai problème. Pascal expliquait, d’autre part, qu’il ne partageait pas sa lecture angélique du message d’Averroès.
Nous avons reçu une longue lettre de Henri Pena Ruiz, manifestement blessé par l’écrit que nous avons publié, exigeant de notre part un droit de réponse.
Pour ceux qui ne connaissent pas bien l’environnement laïque, ce professeur de philosophie est une référence. Auteur de nombreux ouvrages de qualité, orateur hors pair, membre de la commission Stasi, où il défendit avec brio le principe d’une loi contre les signes religieux à l’école, il est un de nos meilleurs porte-parole sur les antennes.
Les médias ne s’y trompent pas, qui le sollicitent fréquemment, de même que Caroline Fourest ou Marc Blondel, dès qu’il faut « le laïque de service ».
Pour autant, à l’occasion des rencontres internationales laïques, Pascal Hilout a bien écouté son discours, et s’est permis, en toute amitié, de pointer, parfois avec humour, ces divergences. Bien évidemment, nous accordons non pas un droit de réponse, expression très procédurière, mais une contribution au débat à notre ami Henri, et nous faisons confiance à nos lecteurs pour trancher, en leur âme et conscience, quand ils auront lu l’ensemble des contributions.
Il n’est pas dans notre esprit de taper sottement sur une personne comme Henri Pena Ruiz, qui, dans le contexte où les intégristes, et principalement les islamistes, multiplient les assauts contre la République et la laïcité, se situe clairement dans notre camp, contrairement à Nicolas Sarkozy, à toute la gauche communautariste, ou, pire encore, à la direction du Mrap ou de la LDH.
Pour autant, respecter Henri, ce n’est pas le considérer comme une icône intouchable, faire preuve de flagornerie avec lui, sous prétexte de sa notoriété, et prendre pour argent comptant tout ce qu’il raconte.
Nous sommes obligés de noter, dans ses propos, qu’il se refuse à désigner l’islam comme le danger principal de l’heure, et qu’il multiplie pour celà les contorsions. Ses constantes références au Vatican, à l’intégrisme juif, sont certes nécessaires pour un laïque, mais deviennent dangereuses quand elles servent à nier la spécificité du péril islamique, en 2009, au nom du « tout se vaut ».
Manifestement, il nous en veut d’avoir publié ce texte de Pascal, estimant sa pensée déformée. C’est sans doute pour cela que, de manière assez agressive, Henri se livre, à la fin de son texte, à des insinuations à notre encontre que nous pourrions qualifier de malveillantes : « A moins que sous prétexte de laïcité on ne nourrisse un autre projet politique. Mais alors il faut le dire. La défense d’Israël par Riposte Laïque au moment où il bombardait les populations civiles de Gaza ne me semble pas précisément relever de l’esprit laïque. En fait, Riposte laïque ne combat pas seulement l’islamisme, mais aussi et surtout l’Islam, et dissimule très mal sa volonté de hiérarchiser les religions, mais aussi les différentes cultures. Elle reprend en fait à son compte la thèse du « choc des civilisations », de si triste mémoire. Je crains donc qu’avec elle la défense invoquée de la laïcité ne devienne la couverture d’un autre combat, qui n’est pas du tout le mien. De là à déformer mes propos pour mieux me disqualifier il n’y avait qu’un pas, et il a été franchi. »
Bigre, nous voilà suspectés d’être des agents du Mossad déguisés en laïques ! Heureusement qu’à la phrase précédente, Henri écrivait : « L’heure n’est pas, ou ne devrait pas être, aux invectives contre des personnes qui entendent défendre la laïcité. »
Mais nous allons approfondir ce débat, dans la plus grande transparence, grâce, cette semaine aux contributions de trois de nos collaborateurs. Outre Pascal Hilout, Anne Zelensky, par ailleurs présidente de la Ligue du droit des Femmes, et Maurice Vidal, lui aussi professeur de philosophie, répondront à Henri. La semaine prochaine, nous publierons des approches complémentaires de Brigitte Bré Bayle, Guylain Chevrier et Radu Stoenescu.
Henri nous reproche de critiquer principalement l’islam, et pas l’islamisme : nous persistons, et nous signons. Il nous suspecte de hiérarchiser les religions. Nous persistons et nous signons, concernant leur dangerosité actuelle. Nous ne sommes plus en 1936, en Espagne, mais dans la réalité de 2009, en France, et en Europe. A moins d’être sot ou aveugle, on ne peut que constater que l’islam est partie à la conquête de l’Europe, et de la France, de manière particulièrement agressive. Nous ne souhaitons pas avoir une guerre de retard, par rapport à la gravité de la situation, et, quitte à heurter le politiquement correct, cette religion nous paraît bien plus dangereuse pour nos libertés que les adventistes du 7e jour.
Henri nous accuse également d’être des adeptes du choc des civilisations. S’il nous fait l’honneur de lire notre livre, « Les dessous du voile » (ou nous faisons la promotion d’un de ses ouvrages), il verra quelles sont nos dernières paroles, dans la bouche de la psychiâtre américaine d’origine syrienne, Wafa Sultan : « Le conflit auquel nous assistons n’est pas un conflit de religions ou de civilisations. C’est un conflit entre deux opposés, entre deux époques. C’est un conflit entre une mentalité qui appartient au Moyen-Âge et une autre qui appartient au XXIe siècle. C’est un conflit qui oppose la civilisation au retard, ce qui est civilisé à ce qui est primitif, la barbarie à la raison. C’est un conflit entre la liberté et l’oppression, entre la démocratie et la dictature. C’est un conflit entre les droits de l’Homme d’une part, la violation de ces droits de l’autre. C’est un conflit qui oppose ceux qui traitent les femmes comme des animaux à ceux qui les traitent comme des êtres humains. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui n’est pas un conflit de civilisations. Les civilisations ne s’affrontent pas ; elles se complètent. »
Est-ce cela, reprendre la thèse du « choc des civilisations », accusation véhiculée systématiquement par Henri et d’autres laïques contre ceux qui ont le malheur de pointer la dangerosité de l’islam ? Cette vision de Wafa Sultan – dont nous conseillons au philosophe de visionner son émouvante vidéo où elle affirme sa décision de combattre l’islam (4) – mais aussi d’Ayaan Hirsi Ali ou de Taslima Nasreen, choque-t-elle notre ami ?
Enfin, nous notons qu’Henri Pena Ruiz considère, lorsque Gaza faisait la une de l’actualité, que citer la charte raciste et sexiste du Hamas, montrer son projet de société pour les Palestiniens, dénoncer les manifestations des fascistes islamistes en France, refuser l’exportation de ce conflit dans notre pays, pointer les amalgames malsains opérés entre Israël et le régime nazi ou d’apartheid sud-africain, s’indigner du soutien de certaines forces de gauche, mais aussi d’extrême droite, à des manifestations où on impose sa prière dans la rue, que tout cela est incompatible avec la laïcité. Nous avouons que cela nous laisse perplexe. Nous pensons, nous, que c’est participer à ces manifestations, ou ne pas s’en démarquer, qui est indigne du combat laïque.
Il faut, malgré tout, remercier le philosophe de permettre, par son texte, d’approfondir un vrai débat chez les laïques. Mais pourquoi n’a-t-il jamais rien écrit contre la multiplication des burqas et la prolifération des voiles en France ? Quel est son avis sur la proposition de loi de Jacques Myard, visant à interdire la burqa dans la rue ? Considère-t-il que les laïques doivent laisser les islamistes marquer l’espace public, la rue, par les burqas, les voiles et les mosquées, dont les constructions se multiplient dans toute la France ? Partage-t-il l’opinion de la philosophe de l’Ufal, Catherine Kintzler, qui théorise sur le droit de porter le voile à l’université, sous prétexte que les élèves seraient majeures ? Quel est son avis sur le procès de Fanny Truchelut ? Pense-t-il, à l’instar de Caroline Fourest, que 4 mois de prison avec sursis et 8.500 euros d’amende, c’est un jugement qu’il nous faut accepter ? Pourquoi ce silence sur Durban 2 ?
Ce sont toutes ces questions que, dans Riposte Laïque, nous posons depuis notre création. C’est parce que nous sommes consternés par le silence des « laïquement corrects », que, outre la sortie de notre journal hebdomadaire en ligne, nous avons publié un livre « Les dessous du voile, 1989-2009, vingt ans d’offensive islamique contre la République laïque ». Nous pensons que l’offensive de l’islam est particulièrement grave, en France et dans toute l’Europe. Nous sentons qu’elle menace ce qu’il y a de meilleur dans notre société occidentale. Nous démontrons qu’elle fait le jeu de toutes les autres Eglises, et du système dominant. Nous n’avons pas peur de dire que tout ne se vaut pas, et nous refusons le relativisme culturel cher aux ethnologues communautaristes.
Nous attendons d’intellectuels reconnus comme Henri Pena Ruiz qu’ils sortent enfin de leur discours philosophique brillant, mais trop souvent hors monde, déconnecté des réalités quotidiennes, ne prenant absolument pas en compte la gravité de l’agression d’un fascisme politico-religieux que subit la République laïque. Qu’ils aillent voir des quartiers totalement islamisés, où on se croit davantage à Téhéran qu’en France. Qu’ils en tirent les conclusions, et arrêtent de se taire, comme si cette vérité les dérangeait. Les républicains et les laïques ont besoin de leur talent… A condition qu’ils cessent de contribuer à désarmer notre camp, en calomniant ceux qui, comme nous, essaient d’alerter l’opinion, d’interpeller les politiques. A condition qu’ils ne nous fassent pas le coup du « choc des civilisations », comme un Mouloud Aounit ou un Tariq Ramadan nous font le coup de « l’islamophobie », pour mieux nous intimider.
Voilà pourquoi, en toute amitié, mais sans concession, nous entamons, cette semaine et la semaine prochaine, un débat franc et loyal avec Henri Pena Ruiz, ouvert à tous ceux qui voudront y apporter leur contribution.
Certains laiques, qui ont invité le philosophe à Saint-Denis, ont interdit la vente d’un livre jugé hérétique (le nôtre) lors de ces rencontres internationales laïques. Nous préférons permettre à ce brillant écrivain de s’exprimer dans nos colonnes… et lui répondre en toute fraternité.
Pour nous, la laïcité, c’est aussi cela.
(1) [http://www.ripostelaique.com/Finkielkraut-et-Sifaoui-nous.html->http://www.ripostelaique.com/Finkielkraut-et-Sifaoui-nous.html
(2) [http://www.youtube.com/watch?v=2gAmMCHeJCY->http://www.youtube.com/watch?v=2gAmMCHeJCY]
(3) [http://www.ripostelaique.com/L-affligeante-complaisance-d-Henri.html->http://www.ripostelaique.com/L-affligeante-complaisance-d-Henri.html
(4) [http://pointdebasculecanada.ca/spip.php?article969->http://pointdebasculecanada.ca/spip.php?article969]
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