Nicolas Sarkozy défend la votation suisse, et feint de croire encore à son CFCM et au « métissage »

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L’affaire de la « votation » suisse prend tellement d’importance en Europe que le président de la République française s’est senti obligé de donner son avis, par le biais d’une tribune dans le journal « Le Monde » (1).
Prenant courageusement acte du vote des Suisses, il s’interroge pourtant : « Le référendum impose de répondre à la question posée par oui ou par non. Peut-on répondre par oui ou par non à une question aussi compliquée, qui touche à des choses aussi profondes ? » On se demande en quoi la question est « aussi compliquée » ; elle demandait s’il fallait ajouter à l’article 72 de la Constitution suisse, qui « charge la Confédération et les cantons de la responsabilité de préserver la paix religieuse en Suisse », l’alinéa suivant : « La construction de minarets est interdite ». On ne pouvait faire plus simple !

Néanmoins, Nicolas Sarkozy, bien qu’il dise « être stupéfait par la réaction que cette décision a suscitée dans certains milieux médiatiques et politiques de notre propre pays », bien qu’il trouve certaines réactions « excessives, parfois caricaturales, à l’égard du peuple suisse » dont il salue par ailleurs la démocratie directe, bien qu’il rende même hommage à celle-ci en dénonçant ceux qui qualifient avec « mépris » de « populisme » la « référence au peuple », ne peut nous faire oublier les objectifs stratégiques et politiciennes de la période ni la langue de bois qu’il a utilisée jusqu’à présent très habilement dans ses discours.
Quand on pense comment il a contourné le vote du peuple français lorsque celui-ci a rejeté le Traité de Constitution européenne en 2005, c’est l’hôpital qui se fout de la charité. Mais le pire, c’est que dans sa tribune, le chef de l’Etat prend exemple de cette affaire de traité européen pour prétendre avoir « réconcilié la France du oui et celle du non » et répondu « aux aspirations des peuples » ! « Ne pouvant changer les peuples, il fallait changer d’Europe », dit-il. Or le traité de Lisbonne n’est que la copie conforme du traité de 2005 ! On n’a pas changé d’Europe, ni de peuple : on a simplement ignoré la voix du peuple.
Nicolas Sarkozy tente de « comprendre ce que [le peuple suisse] a voulu exprimer et ce que ressentent tant de peuples en Europe, y compris le peuple français ». Si, pour lui, ces peuples sont « accueillants » et « tolérants », « ils ne veulent pas que leur cadre de vie, leur mode de pensée et de relations sociales soient dénaturés », et il y a un « sentiment de perdre son identité », sentiment renforcé par la « mondialisation ». « On a besoin d’ancrage et de repères », « on a besoin de sentir que l’on n’est pas seul au monde », ajoute-t-il. « Ce besoin d’appartenance, on peut y répondre par la tribu ou par la nation, par le communautarisme ou par la République ». Et il embraye sur « l’identité nationale » qui est pour lui « l’antidote au tribalisme et au communautarisme ».
On ne peut qu’approuver ces généralités. On aimerait pouvoir l’applaudir, on aimerait qu’il aille plus loin et ose enfin taper du poing sur la table en condamnant le projet politico-religieux sous jacent au communautarisme musulman. Mais la suite de sa tribune retombe dans le politiquement correct. Nicolas Sarkozy choisit, comme à son habitude, le repli stratégique : un pas en avant, deux pas en arrière. Malgré le positif qu’on peut trouver dans sa déclaration et le sentiment qu’il a raison sur bien des points, il revient en arrière en entretenant la confusion, le flou, en utilisant des formules vides de sens ou plus exactement trop pleines de sens : « Les Suisses comme les Français savent que le changement est une nécessité. » Quel changement ? Et de poursuivre dans le registre du consensuel :« Ils savent (les Français) que l’ouverture aux autres est un enrichissement. Nulle autre civilisation européenne n’a davantage pratiqué, tout au long de son histoire, le métissage des cultures qui est le contraire du communautarisme. »
Nous y voilà : métissons-nous et tout ira bien ! Il l’avait déjà martelé dans d’autres discours : « le métissage est obligatoire ». Mais quel métissage, et de qui avec qui ? Nicolas Sarkozy, comme toute la classe politique « UMPS », se garde bien de dire qu’il fait la confusion entre un métissage racial (tout à fait respectable) et un métissage culturel, qui ne pourrait être efficace que si chaque partie apporte une réelle plus-value. Ce qui reste à démontrer pour l’islam, et en particulier pour les récentes vagues d’immigration musulmane.
Nicolas Sarkozy précise que le métissage, « c’est de la part de celui qui accueille la reconnaissance de ce que l’autre peut lui apporter. C’est de la part de celui qui arrive le respect de ce qui était là avant lui. » Il précise que « c’est de la part de celui qui accueille l’offre de partager son héritage, son histoire, sa civilisation, son art de vivre » et que « c’est la part de celui qui arrive la volonté de s’inscrire […] qu’il va contribuer à transformer, dans cette histoire qu’il va désormais contribuer à écrire. ». Il insiste sur l’« enrichissement mutuel qu’est le métissage des idées, des pensées, des cultures », gage d’une « assimilation réussie ». Si on se rend compte que l’islam « transforme » nos paysages et nos villes, on ne saura donc pas en quoi l’islam « enrichit » notre peuple aux yeux du chef de l’Etat !
De plus, il ne démontre aucunement en quoi ce « métissage des idées, des pensées, des cultures » serait un gage d’une « assimilation réussie ». Ce « métissage » est justement l’opposé de l’« assimilation », qui consiste pour les nouveaux arrivants à se fondre dans l’Histoire, les idées et la culture du pays d’accueil. Nicolas Sarkozy opère là un déni patent de réalité.
Puis il nous refait le coup classique de « permettre de prier dans des lieux de culte décents » en l’opposant à la pratique de la religion « dans des caves ou dans des hangars ». Et il se vante d’avoir créé, quand il était ministre de l’Intérieur, le Conseil français du culte musulman (CFCM). Il oublie simplement de dire que c’est un échec patent, puisque ce CFCM ne représente plus que lui-même, étant élu par des représentants autoproclamés des mosquées sans aucune consultation de l’ensemble des musulmans de France. Ce même CFCM qui a refusé, lors de son audition par la mission parlementaire sur le voile intégral , toute loi qui interdirait son port. Ce même CFCM qui a expliqué à la même mission qu’il fallait le laisser gérer ce problème entre musulmans, démontrant ainsi le communautarisme qui l’anime. Bref, côté « métissage » et « assimilation », le CFCM est un ratage complet.

Cette tribune du Président de la République, malgré les réactions virulentes des communautaristes de tous poils et les critiques acerbes des politiques qui cherchent à dénaturer le débat sur l’identité nationale, ne fait donc pas avancer le débat d’un pouce, et est porteur de contradictions et de dénis de réalités en voulant ménager la chèvre et le chou. Nicolas Sarkozy, comme à son habitude, fait de la communication commerciale en essayant d’élargir son électorat, donc en brouillant les pistes.
Non, Marianne ne se mariera pas, ne se « métissera » pas avec Mahomet, puisque leurs valeurs et leurs lois respectives sont incompatibles. Nicolas Sarkozy se prend les pieds dans le tapis (de prière). Pas plus que d’autres depuis une vingtaine d’années, il ne réussira la quadrature républicaine du cercle islamique tant qu’il n’abordera pas le fond du problème, si bien exposé par notre camarade Pascal Hilout devant la mission parlementaire sur le voile intégral (2).
Quant à la gauche, elle n’a pas mieux à proposer et se contente d’anathèmes. Prise de court par la votation suisse, par le débat sur l’identité nationale, et par celui sur le voile intégral, elle ne sait que scander « Pétain ! » ou « Le Pen ! », comme si ces débats devaient être abandonnés à la seule extrême droite. Elle démontre ainsi, sept ans après le 21 avril 2002, sa totale incompréhension des raisons de cette catastrophe, et confirme sa coupure grandissante avec le peuple. Il lui manque cruellement de dirigeants comme André Gerin !
Cyrano
(1) http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/12/08/m-sarkozy-respecter-ceux-qui-arrivent-respecter-ceux-qui-accueillent_1277422_3232.html#ens_id=1258775 et http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/12/08/m-sarkozy-respecter-ceux-qui-arrivent-respecter-ceux-qui-accueillent_1277422_3232_1.html
(2) http://www.assemblee-nationale.fr/13/commissions/voile-integral/voile-integral-20091202-3.asp