André Gerin au Parlement : cette loi est plébiscitée par tout le pays

Cette loi est plébiscitée dans le pays. On a pu nous opposer qu’il s’agissait d’un épi-phénomène, d’une tendance marginale, d’un prétexte.
Les travaux de la mission sur le voile intégral prouvent au contraire que, derrière cette pratique qui demeure encore très minoritaire, surgissent des questions fondamentales, des défis à relever, des choix politiques.
Ce que nous faisons avec cette loi constitue une démarche politique forte, une loi qui dépasse de loin les clivages politiques.
De grâce, laissez-moi vous dire à vous tous sur tous ces bancs que la vie ni ne commence, ni ne s’arrête à l’échéance de 2012. Il existe des enjeux qui transcendent les rendez-vous électoraux parce qu’ils relèvent de l’existence de la République, de la cohésion nationale, du vivre ensemble.
L’occasion m’est donnée dans cette intervention de m’adresser à certains de mes amis de gauche qui ne partagent pas ce point de vue.
Oui, c’est une loi intelligente de protection et de libération de la femme pour la sortir d’une sorte d’apartheid.
Non au relativisme culturel et religieux. Sous cette couverture-là, nous accepterions l’inacceptable, le triomphe de la barbarie sur la civilisation. Ce serait un poison qui ferait le miel de l’extrême droite.
Menons ce combat en républicains, en refusant tous les apprentis sorciers qui jouent avec le communautarisme en croyant s’attirer les bonnes grâces des intégristes pour qui la République est l’ennemi. Bannissons les arrangements, les accompagnements, sortons de l’indifférence, voire de l’aveuglement.
Osons la main tendue à la majorité des français de confession musulmane. Comment imaginer l’avenir de la France sans une reconnaissance digne de la deuxième religion de France : l’Islam ?
Le voile intégral, la burqa, c’est le refus de la République. L’intégrisme n’est pas seulement un danger pour la stabilité du monde, il constitue une menace pour l’Islam lui-même. Dans notre histoire, chaque fois que le religieux a revendiqué des exigences politiques, les sociétés ont produit des monstres, de nouveaux barbares, la guerre.
Alors, on me dit que j’aurais oublié les questions urgentes, le social, l’économique, la vie quotidienne. Je pense au contraire que les combats vont de paire. Combattre la ségrégation, l’insécurité sociale, c’est porter en même temps des valeurs et des idéaux d’humanisme pour donner du sens à la vie, permettre que vivent ensemble des personnes qui n’ont pas tout en commun mais qui dans ces conditions ont plus de raisons de se rassembler, de partager que de se diviser.
On me dit même que j’aurais participé à une opération de diversion récupérée par Sarkozy et l’UMP. Alors je pose la question : pourquoi ce même sujet a-t-il pris une dimension géopolitique : Belgique, Espagne, Danemark, et même dans les pays musulmans ? Je pense au contraire qu’il s’agit d’un défi de civilisation.
Certains me parlent de liberté. Je n’arrive pas à comprendre. Comment peut-on parler de liberté ? Liberté de revendiquer des chaînes, une muselière, le voile intégral serait une conquête féministe ? Il faudrait le tolérer au nom de la convenance religieuse, de la liberté de pratiquer ? Pourquoi alors ne pas accepter l’excision ? Je trouve ce discours cynique car cette dérive n’a rien à voir avec le religieux et avec l’Islam. Nous devons regarder de près le communautarisme, le fondamentalisme, le talibanisme et ces talibans français, regarder de près ces pratiques d’enfermement, d’endoctrinement, de bourrage de crâne.
Qui stigmatise les musulmans et l’Islam ? Pour répondre à cette question, il faut commencer par Le Pen et tous ceux qui ont joué avec lui. Il faut voir les conséquences de la guerre civile en Algérie avec le FIS et le GIA dans les années 90 dans nos banlieues. Selon le Juge Bruguière, 1100 jeunes sont passés par les camps d’Al-Qaïda en Afghanistan de 1995 à 2001. Des jeunes de la région parisienne ont été utilisés comme kamikazes dans la guerre en Irak. Il faut se rappeler que certains se sont réjouis, voire même ont fait la fête le jour du 11 septembre 2001.
Pourquoi y-a-t-il le voile intégral ? Sortons de notre apathie. Ouvrons les yeux. Car ces fanatiques utilisent et pourrissent nos gamins en mal de vie et qui se radicalisent.
Derrière le voile intégral, le vrai danger c’est la partie émergée de l’iceberg. Il faut comprendre que l’enfermement, l’endoctrinement commence dès l’enfance avec une idéologie barbare fascisante.
La femme est transformée en pur objet de plaisir. C’est la tyrannie du plaisir. C’est le point de départ de l’enfermement.
Une idéologie de cet imam Bouziane en 2004 qui prône la lapidation des femmes, la guerre contre la république et cultive le venin du racisme anti-France, anti-blancs, antichrétiens.
Quand des adolescents de 13 -14 ans contestent l’histoire, la biologie, les sciences naturelles, cela s’appelle bourrage de crâne. Quand des jeunes filles sont exonérées du sport-piscine au nom du religieux, c’est le moyen âge contre l’école publique et laïque. Quand des jeunes filles sont contraintes à une vie d’enfer dans le quartier où elles habitent, pour s’habiller, les rapports amoureux, la sexualité, c’est le féodalisme. Elles sont considérées comme des putes et sont soumises. Sans oublier les menaces faites aux fonctionnaires de l’état civil, aux médecins hommes de l’hôpital. Je veux dire à mes amis de gauche que la situation est très préoccupante en région parisienne en particulier, quand se mêlent les mafias, les trafiquants de drogue et l’intégrisme. Nous sommes au bord de la gangrène avec des germes de guerre civile, comme me le rappellent les émeutes de 2005.
Il faut dire stop à cette dérive, stop d’une seule voix républicaine en votant cette loi. Nous sommes en phase avec les voix qui s’élèvent aujourd’hui contre l’intégrisme islamique dans le monde arabe et musulman. Des hommes et des femmes sont en train de se battre pour faire un islam moderne en correspondance avec les besoins de notre temps.
C’est une guerre de résistance à l’intégrisme et à sa force de frappe.
La contribution de la France est attendue. Le vote de cette loi aura un retentissement international.
Il y a 105 années, le 3 juillet 1905 la loi sur la séparation de l’église et de l’État a été votée par 341 voix pour et 233 voix contre. Je pense que nous pouvons faire mieux.
Je voterai cette loi, l’esprit libre, républicain et communiste en ayant le sentiment de participer à une œuvre utile pour la France.
André Gerin