
Christine Tasin serait-elle une éternelle ronchon ? Apprenant que des lycéens, dans la rue, ont scandé le mot d’ordre « On encule Sarkozy », puis ont chanté « La Marseillaise », elle nous sort un billet où, au lieu de se féliciter de la prise de conscience précoce des jeunes pour défendre les retraites, et de l’esprit patriote qui anime les chanteurs, elle ergote, et s’interroge quant aux vraies motivations de ces jeunes…
http://christinetasin.over-blog.fr/article-du-drole-d-usage-de-la-marseillaise-par-les-lyceens-58904562.html
Elle devrait pourtant être ravie que le peuple de France, tant méprisé par les élites, se révolte quand on veut le faire travailler plus longtemps, tandis que d’autres s’octroient des retraites plus que confortables… avec nos sous ! Elle devrait être ravie que l’arrogant président de la République, qui montrait son mépris pour les grévistes, il y a quelques mois, se prenne un spectaculaire camouflet.
Retraite à 50 ans, et 9.000 euros pour les hauts fonctionnaires de Bruxelles… et sans cotiser !
http://www.lepoint.fr/economie/les-retraites-en-or-de-l-europe-19-05-2009-344867_28.php
http://www.kdo-mailing.com/redirect.asp?numlien=1276&numnews=1356&numabonne=62286
Faut-il donc se réjouir, dans ce contexte, que des jeunes manifestants chantent « La Marseillaise » en manif, même après avoir proféré des propos homophobes. N’oublions pas que depuis trente ans, tout ce qui se rapproche du mot « Nation », « République », « Marseillaise » « Laïcité » et « drapeau français » est systématiquement assimilé à des valeurs d’extrême droite. Longtemps, bien seul, Jean-Pierre Chevènement a bataillé, au sein de la gauche, pour ne pas abandonner ces symboles au seul Front national.
Je me souviens, en 1996, lors de la venue du Pape, d’une manifestation parisienne regroupant environ 10.000 personnes. Un mélange de féministes, d’anarchistes et de gauchistes, et quelques républicains regroupés autour d’une organisation aujourd’hui disparue, « Initiative Républicaine ». Ces malheureux avaient sorti quelques drapeaux bleu blanc rouge, et, horreur, avaient entonné une vibrante « Marseillaise », à la fin de la manifestation. N’écoutant que leur internationalisme prolétarien, les vaillants gauchistes avaient conspué les horribles « nationalistes », et mis leur sono à fond !
Pourtant, en 1998, quand l’équipe de France de football fut championne du monde, c’est essentiellement autour du drapeau bleu blanc rouge que festoyèrent des millions de Français ravis de gagner enfin une grande compétition. Certains y virent la victoire de la France black-blanc-beur, d’autres celle du multiculturalisme, mais personne n’osa qualifier le Peuple de France de nationaliste parce que le bleu blanc rouge, abandonné à Le Pen depuis 1983, revenait au premier plan grâce à l’équipe d’Aimé Jacquet. On vit quand même, ce soir-là, quelques drapeaux algériens dont on se demande ce qu’ils faisaient là.
En 2001, Marie-George Buffet, alors ministre communiste des Sports, avait eu la brillante idée d’organiser un match de football, France-Algérie, au stade de France, pour rapprocher le peuple algérien et le peuple français, 40 ans après. Brillante initiative, qui fut un terrible fiasco. D’abord, tout un stade de jeunes « Français » siffla « La Marseillaise ». Ensuite, une partie du public, bien ingrat, bombarda la tribune officielle de bouteilles d’eau et autres projectiles. L’équipe de France fut sifflée chaque fois qu’un de ses joueurs touchait le ballon. Et, comble de la provocation coloniale, l’équipe de France osa mieux joueur que celle d’Algérie, et mener 4 buts à un à un quart d’heure de la fin ! C’en était trop, et des centaines de « jeunes » envahirent le terrain, et mirent fin au match. Naturellement, l’ensemble des médias chercha à occulter le scandale, ainsi que la classe politique. En deux autres occasions, « La Marseillaise » sera de nouveau sifflée copieusement, au stade de France, lors de rencontres contre le Maroc et la Tunisie.
Par contre, en 2002, on vit ce spectacle extraordinaire, entre les deux tours, de pans de la gauche, comme SOS Racisme et toute la gauche socialiste, qui tenait les syndicats lycéens et universitaires, déployer, le 1er mai, entre les deux tours, des drapeaux bleu blanc rouge, alors que, jusqu’à ce jour, ce symbole n’avait pas paru faire partie de leur priorité. Sans doute Juju (Julien Dray) et Malek (Boutih) avaient-ils pensé qu’il fallait jouer le bleu blanc rouge, contre la menace fasciste (par ailleurs inexistante). Cet accès de fièvre fut sans lendemain…
Le soir du deuxième tour, pour fêter la victoire de Jacques Chirac, on vit surtout les jeunes de banlieue agiter toutes sortes de drapeau… sauf le bleu blanc rouge ! Mais les médias, soulagés de la victoire contre le fascisme, préférèrent ne pas s’appesantir sur la question.
En 2004, lors de la campagne contre les signes religieux à l’école, on vit des jeunes filles montrer à quel point elles aimaient la France… voilée. Conseillées par d’anciens militants maoïstes et trotskistes, elles décidèrent de jouer le bleu blanc rouge, pour mieux nous imposer leur foulard à l’école.
En 2007, on entendit, lors de la campagne présidentielle, les principaux candidats se réclamer de la « République ». Sarkozy déclama du Guaino, et cela le fit gagner. Ségolène Royal commença à encourager les Français à sortir le drapeau… et se fit traiter de pétainiste par Mélenchon et toute une partie de la gauche ! Bayrou, tout en négociant le vote des musulmans, via l’UAM 93, se mit lui aussi à nous faire des crises de patriotisme, ce qui ne manque pas de sel quand de la part d’un européiste aussi acharné.
Une fois l’élection passée, on oublia vite ces références républicaines.
En 2008, un athlète français, médaille d’argent aux Jeux Olympiques, montra son attachement à notre pays, en faisant sa prière sur le drapeau tricolore !
On se mit à reparler des symboles patriotiques début 2010, pour le meilleur, et pour le pire.
Le meilleur, osons le dire, fut de réhabiliter, autour de l’apéro saucisson-pinard du 18 juin et des apéros républicains du 4 septembre, le meilleur des valeurs républicaines et patriotiques. Toutes ces initiatives se terminèrent forcément par de vibrantes « Marseillaise ».
Le pire, ce fut cette référence à la République, de la part de toute cette gauche qui manifesta, le 4 septembre, contre une politique sécuritaire de Sarkozy qui n’existe… que dans leurs fantasmes.
http://www.ripostelaique.com/L-antisecuritarisme-la-derniere.html
Le pire, ce fut la grotesque pétition, impulsée par Libération et SOS Racisme, intitulée « Touche pas à ma Nation », qui fit dire à Jacques Philarcheïn que la gauche avait inventé le « national-mondialisme ».
http://www.ripostelaique.com/Petition-SOS-Racisme-Libe-a-bout-d.html
Alors, dans ce contexte où on galvaude tous les symboles de la République, de la Nation, où des enseignants refusent d’apprendre « La Marseillaise » à leurs élèves, pourquoi Christine s’indigne-t-elle que des jeunes lycéens soient capables de scander « Sarkozy on t’encule » (au fait, que font les associations homosexuelles face ces propos homophobes ?) et puissent, dans la foulée, scander « La Marseillaise ».
Certes on peut imaginer que les jeunes considèrent vraiment que le report de l’âge de la retraite n’est ni une évidence, ni une fatalité ni une solution et qu’il est normal qu’ils renouent, comme leurs ancêtres de 1789, avec l’idéal révolutionnaire contre les privilégiés de l’époque en chantant ce beau chant révolutionnaire qu’est la Marseillaise, mais… nous ne faisons pas confiance à trop de ceux qui les accompagnent, qui les attirent dans les manifestations et qui par ailleurs appellent à « niquer la France » comme Besancenot et bien d’autres…
Par ailleurs, il y a juste un petit problème, pour les camarades de gôche. Si elle gagne en 2012, et que Sarkozy a maintenu et fait adopter son projet, ce qui est possible, il va falloir expliquer au peuple pourquoi elle ne touchera pas davantage à cette réforme (que Strauss-Kahn soutient) qu’elle n’avait touché, de 1997 à 2002, la réforme du statut des retraités du privé, que Balladur avait fait passer, durant l’été 1993, de 37,5 années à 40 ans, en imposant un nouveau calcul sur les 25 meilleures années, au lieu des 10 meilleures… Pourtant, elle avait beaucoup protesté, à l’époque !
Luc Ferry disait, sur un plateau de télévision : »En 68, on était parfois très cons, en comparant les CRS à des SS, mais pas cons au point de manifester pour la défense des retraites ! »
J’avoue que, bien que favorable à la solidarité inter-générationnelle, qui s’illustra magnifiquement en 2006, lors de la mobilisation contre le CPE de Villepin, je n’aurais jamais pensé qu’un jour, un de mes enfants puisse manifester, à 16 ans, pour la défense des retraites. Sans doute suis-je dépassé par la nouvelle génération, dont je n’ai pas saisi la conscience de classe pré-révolutionnaire !
Finalement, je vais mettre une claque à ma petite fille de 6 ans (tant que l’Union européenne ne me l’interdit pas), et la déshériter : cette petite peste n’a même pas été manifester pour défendre la retraite de son grand-père !
Cyrano
Pour une conception patriotique et solidaire, par Christine Tasin
http://www.ripostelaique.com/Pour-une-conception-patriotique-et.html
Le gouvernement et la gauche vous mentent effrontément, par Fabrice Letailleur
http://www.ripostelaique.com/Retraites-le-gouvernement-et-la.html
Y aurait pas un peu de commission européenne dans tout ça ? par Alain Rubin
http://www.ripostelaique.com/Retraites-Y-aurait-pas-un-peu-d..html