Lettre ouverte de Ralph Giordano au Président allemand : "L'islam appartient à l'Allemagne ? Vraiment ?"

Lettre ouverte de Ralph Giordano, écrivain Allemand majeur, rescapé de l’holocauste adressée au Président de la République Fédérale d’Allemagne, Christian Wulff, suite à sa déclaration que l’islam fait désormais parti de l’Allemagne. Ralph Giordano est la conscience de l’Allemagne

Voici ce que déclarait au Spiegel, en août 2006, le grand écrivain Allemand, Ralph Giordano après que l’appartenance à la Waffen SS de Günther Grass, Prix Nobel de Littérature Allemand, fut découverte . Il estimait que son comming out n’arrive pas trop tard. Giordano, le survivant de l’holocauste déclarait alors: « J’ai connu des gens qui reconnaissaient à l’âge de 80-85 ans ce qu’ils avaient fait de mal. Pire que de commettre une faute serait de ne pas en tirer les conséquences. Cela, Grass l’a fait depuis longtemps. Pour moi, par cette révélation, Grass ne perd aucunement sa crédibilité. Je voudrai souligner cela particulièrement afin qu’il n’y ait aucune ambiguïté. »
C’est donc avec raison que Ralph Giordano est considéré comme la conscience de l’Allemagne. Chez nos voisins, célèbre par ses oeuvres, il est aussi célèbre pour sa critique sans concession de l’islam et de son emprise sur l’Allemagne et de l’Europe. Il existe dans tous les médias Allemands, sans considération idéologique, d’innombrables interviews filmés et écrits de lui sur le sujet. Personne ne pourra accuser Giordano de populiste ou appartenant à l’extrême droite par ses prises de position. Comme il l’exprime dans sa lettre ouverte au Président de la République Fédérale d’Allemagne, Christian Wulff: « En tant que survivant de l’holocauste, je connais la différence entre l’Allemagne hitlérienne et la République Fédérale. Sa démocratie m’est sacrée, car c’est en son sein, seul que je me sens en sécurité. Celui qui y portera atteinte devra me faire face, qu’il soit musulman, chrétien ou athéiste. »
Ses livres:
Morris. Geschichte einer Freundschaft. Berlin 1948.
Jan Rolfs (Pseudonym): Westdeutsches Tagebuch, Verlag Neues Leben, Berlin/DDR, 1953
Die Partei hat immer recht. Kiepenheuer & Witsch, Köln 1961.
Die Bertinis. Roman. Fischer, Frankfurt am Main 1982,
Die zweite Schuld oder Von der Last Deutscher zu sein. Rasch und Röhring, Hamburg 1987,
Ralph Giordano, avec Friedrich Heyer, Raffi Kantian, Wilm Sanders, Tessa Hofmann, Hagop Guektchian, Ernst E. Pioch: Armenien – Kleines Volk mit großem Erbe. (1989)
Wenn Hitler den Krieg gewonnen hätte. Die Pläne der Nazis nach dem Endsieg. (1989)
An den Brandherden der Welt.
Wie kann diese Generation eigentlich noch atmen? Briefe zu dem Buch Die zweite Schuld oder Von der Last Deutscher zu sein. (1990)
Israel, um Himmels willen, Israel. (1991)
Wolfgang Weirauch, Arfst Wagner, Ralph Giordano, Imanuel Geiss, Thomas Höfer, Christoph Lindenberg: Anthroposophen und Nationalsozialismus. (1991)
Als Hrsg.: Deutschland und Israel: Solidarität in der Bewährung Bilanz und Perspektive der deutsch-israelischen Beziehungen. (1993)
Wird Deutschland wieder gefährlich? Mein Brief an Kanzler Kohl, Ursachen und Folgen. (1993)
Ich bin angenagelt an dieses Land. Reden und Aufsätze über die deutsche Vergangenheit und Gegenwart. (1994)
Ostpreußen ade. Reise durch ein melancholisches Land. (1994)
Ralf Dahrendorf, Margarete Mitscherlich, Ralph Giordano: Hamburg 1945: Zerstört. Befreit. Hoffnungsvoll? Bürgerschaftliche Veranstaltungsreihe zum 50. Jahrestag des Kriegsendes. (1995)
Clemens Lindemann, Ignatz Bubis, Manfred Buchwald, Ralph Giordano: Dokumentation der 4. Preisverleihung am 16. November 1994 an Ralph Giordano; Schriftenreihe der Siebenpfeiffer-Stiftung. (1995)
Mein irisches Tagebuch. (1996)
Hier war ja Schluß.. . Was von der deutsch-deutschen Grenze geblieben ist. (1996)
Der Wombat und andere tierische Geschichten. (1997)
Deutschlandreise. Aufzeichnungen aus einer schwierigen Heimat. (1998)
Wir sind die Stärkeren. Reden, Aufrufe, Schriften zu deutschen Themen und Menschen unserer Zeit. (1998)
Martin Schmidt, Brigitte Reimann, Ralph Giordano: Hoyerswerda – Literarische Spiegelungen. (1998)
Die Traditionslüge. Vom Kriegerkult in der Bundeswehr.
Sizilien, Sizilien! Eine Heimkehr. (2002)
Ralph Giordano, Uwe Laugwitz: Von den Schwierigkeiten, zu leben, zu denken und zu schreiben. Gespräch aus dem Jahre 1986. (2003)
Ein Glücksfall, ein Wunder, ein Mirakel in: Martin Doerry (Hg): Nirgendwo und überall zu Haus. Gespräche mit Überlebenden des Holocaust
Erinnerungen eines Davongekommenen.
Misch – Sie werden natürlich noch gebraucht, Vorwort zur Autobiographie Rochus Mischs: Der letzte Zeuge. Ich war Hitlers Telefonist, Kurier und Leibwächter, Zürich und München 2008


Monsieur le Président,
« Le christianisme appartient sans aucun doute à l’Allemagne. Le judaïsme appartient sans aucun doute à l’Allemagne. Cela est notre histoire judéo-chrétienne. Cependant, entre temps, l’islam fait désormais parti de l’Allemagne aussi. »
Cette phrase, tirée de votre discours du 3 octobre dernier, à l’occasion de la commémoration de la réunification, signifie dans son approximation une telle ignorance dérangeante de la réalité des systèmes que l’on ne peut que rester sans voix.
Je n’ai pas la prétention de vous donner des cours de rattrapage en histoire, mais par votre déclaration, le souhait de l’Union Européenne devient visible ; mettre l’islam au même niveau que les autres religions. Il me faut protester énergiquement.
En effet, l’islam politique et militant n’est pas intégrable, alors que sa spiritualité en général pose déjà assez de problèmes.
L’islam nous reste redevable de toute question convaincante sur sa compatibilité avec la diversité d’opinion, l’égalité homme-femme, le pluralisme, la séparation de l’état et de la religion, avec la démocratie.
Un nuage sombre couvre le ciel de ce 21ème siècle, qui est en train de toucher la République Fédérale à cause de l’échec de sa politique d’immigration.
Ce sont deux cultures différentes qui se heurtent l’une à l’autre et cela à divers stades de l’évolution.
Tout d’abord la culture judéo-chrétienne, qui vécu des périodes sinistres de l’histoire, puis la Renaissance, les lumières, les révolutions citoyennes, qui furent à l’origine de notre exemple libéral que nous connaissons aujourd’hui et qui nous fit faire un bond en avant considérable.
Ensuite, la culture islamique, qui selon notre brillante civilisation, ne peut que faire honte à l’occident et qui jusqu’à ce jour montre une stagnation patriarcale et archaïque par : l’obéissance, le refus de la sécularisation, l’inégalité entre les sexes, le contrôle parental et une reconnaissance aveugle des autorités religieuses.
C’est la confrontation entre une culture, qui restreint la liberté individuelle par son imprégnation traditionnelle et religieuse et une autre, qui après de longs errements, imprégnée d’individualisme, une société majoritairement chrétienne, cependant séculaire.
D’énormes obstacles s’élèvent dans cette discussion. Ce sont les musulmans eux-mêmes qui démontrent ces obstacles.
Comme cet écrivain Turc, Zafer Senocal, qui met le couteau sur la plaie en déclarant : « Il est improbable qu’un ecclésiastique musulman, sans dire un laïque pieux, ne veulent et sont en état, de voir le fond du problème dans le cadre de leur structure de pensée. Ils refusent l’analyse critique de leurs propres traditions par une confrontation sans concession de leur croyance face à la réalité de la vie et de la société moderne. »
Ou, le très courageux Abbas Baydoun, qui fut longtemps Rédacteur en Chef du quotidien Libanais « Al Safir », qui s’aventure sans tabou dans le domaine dangereux de l’auto critique : « Un grand nombre chez nous cherchent des excuses pour ne pas se regarder dans le miroir, afin d’éviter le reflet d’un terrible visage, le visage de cet autre islam, de l’islam de l’isolation et de la violence arbitraire, qui gagne de plus en plus de terrain, alors que nous sommes en train d’atteindre le sommet de l’aveuglement et, qui deviendra bientôt notre vrai visage. »
Que signifient donc, Monsieur le Président, les « Vers Sataniques » de Salman Rushdie contre ces adjurations ? Les musulmans s’opposent ainsi à leurs propres responsabilités dont ils délèguent leurs maux et leurs inconvénients sur l’Europe, le « grand Satan Américain » ou le « petit Satan » Israël
Ici, ces musulmans clouent au pilori l’incapacité du monde islamique à l’auto-critique. Ici sa propre élite est stigmatisée comme responsable de cette crise, ce qu’un non musulman n’oserait jamais exprimer. « Ce n’est pas l’immigration qui pose problème, mais l’islam. »
Une grande partie de l’humanité, plus que mûre pour une révolution, la Ouma, qui représente la société musulmane avec toutes ses diversités, menace d’étouffer par sa propre culture, son immobilisme et son obscurantisme.
Un autre signe retentissant vient s’ajouter. Ce monde fantomatique du Talmi des pétro-milliardaires du Golfe, bâti sur un cynisme sans fond de l’argent et de l’or. « Cela se terminera mal. » selon Orham Pamul.
Même en Allemagne, Monsieur le Président, nous avons des voix musulmanes qui positionnent leur introduction culturelle islamique de manière sceptique dans le cercle culturel judéo-chrétien.
Comme alerte la théologienne Iranienne, Hamideh Mohaghegni qui estime : « la clarification inter-islam sur le chemin d’un euro-islam durera de vingt à trente ans et qu’il sera malgré tout incertain, s’il pourra exister ou s’il sera alors soumis à l’islam traditionnel. »
Une autre voix s’élève et demande que l’on prête plus d’attention à l’opinion du peuple qui résiste aux associations musulmanes et aux fonctionnaires des mosquées, est celle du Dr. Ezhar Cezairli, membre de la conférence islamique allemande : « Je comprends que lorsque des humains n’appartiennent pas à un cercle convenu, ces derniers puissent avoir peur de l’islamisation. » Puis encore : « C’est un vrai danger pour l’avenir de l’Allemagne , que certains politiques, par leur ignorance face aux organisations islamiques, bradent les fondamentaux de notre société éclairée. »
Les partisans de l’enlacement, les xénophiles borgnes, romantiques sociaux, bien pensants, apôtres de l’apaisement et tout l’album des « bonnes personnes », avec leur pédagogie de rémission feignent encore, après Thilo Sarrazin, qu’il s’agit d’une idylle multiculturelle, que l’on peut régler par des mesures social-thérapeutiques.
Qu’il n’y aient pas de malentendus, Monsieur le Président. C’est l’honneur de la Nation de préserver chaque immigrant et étranger de la peste du racisme et de ses complices.
Simultanément, il est du devoir citoyen de résister à des tendances, des mœurs, des usages et des traditions en provenance de la minorité arabo-turque, au delà des aveux prononcés du bout des lèvres, qui refuse, se positionnent même en adversaire des acquisitions obtenues démocratiquement, ainsi que de l’Etat constitutionnel.
Les obstacles principaux à l’intégration viennent de la minorité musulmane elle même. Même si l’on peut estimer que la majorité des musulmans est pacifique.
Cependant, la rapidité avec laquelle le monde islamique organise d’énormes actions de protestations dès que les musulmans se sentent agressés ou offensés, peut laisser perplexe.
Et, comme le silence est assourdissant au sein de nos associations musulmanes et mosquées, lorsque par exemple, trois ouvriers d’une maison d’édition de bibles, furent massacrés dans la ville le Malatya, lorsque des sœurs sont fusillées en Somalie et qu’au Pakistan, des chrétiens sont retenus dans des cellules de la mort, ou ils attendent leur exécution, accusés de violation contre la « loi anti blasphème ». Un silence de plomb …
Le problème de l’immigration/intégration exige une parole critique et intrépide.
Ou allons nous donc, si nous devons avoir peur de nous faire stigmatiser comme xénophobes ou ennemis de l’étranger, parce que nous nous reconnaissons tout simplement dans nos propres valeurs ?
Et qui sommes-nous donc, si nous craignons de nommer réfractaire à l’intégration, une culture paternaliste, pour laquelle l’individu n’est rien, mais que la famille et la communauté religieuse est tout ?
Que disons nous de mal, si nous dénonçons les cas innombrables d’immigrants qui ne sont pas attirés par le travail, mais par les avantages sociaux généreux des caisses de l’Etat Fédéral ?
« Mais entre temps, l’islam appartient aussi à l’Allemagne » – vraiment ?
Veuillez prendre en considération, qu’il n’est pas sans danger d’exprimer ses doutes sur le sujet – je sais de quoi je parle. L’islam ne connaît pas la méthode critique. C’est la raison pour laquelle, la critique de l’islam est assimilée à l’offense. Ce qui ne signifie pas non plus qu’il n’existent pas de musulmans critiques.
J’apporte ma contribution aux côtés de femmes courageuses, telles que Necla Kelek, Sevran Ates, Mina Ahadi, Ayaan Hirsi Ali – et auprès de tous les musulmans et toutes les musulmanes pacifiques dans ce monde.
Un dernier postscriptum concernant ma position personnelle : En tant que survivant de l’holocauste, je connais la différence entre l’Allemagne hitlérienne et la République Fédérale. Sa démocratie m’est sacrée, car c’est en son sein, seul que je me sens en sécurité. Celui qui y portera atteinte devra me faire face, qu’il soit musulman, chrétien ou athéiste.
Avec ma haute considération.
Ralph Giordano
Traduction Sylvia Bourdon