Celui qui croyait au ciel, et celui qui n'y croyait pas…

L’un des grands moments des Assises du 18 décembre fut l’intervention d’Anne Zelensky, présidente de la Ligue du Droit des Femmes et rédactrice à Riposte Laïque.

Anne expliqua, avec la liberté d’esprit qui est la sienne, qu’elle revendiquait les batailles pour le droit à l’avortement qu’elle a menées, tout en assumant le fait de militer aujourd’hui, ponctuellement, avec des personnes hostiles à ce droit : « Voilà comment une féministe historique, (c’est ainsi qu’on me nomme), à l’origine du MLF, à l’initiative du Manifeste des 343, pour l’avortement libre, (que le journal « Minute » avait surnommée Ste Anne de l’avortement), compagne de route de Simone de Beauvoir et j’en passe, se retrouve aujourd’hui aux côtés de certaines associations ou personnalités, qui en d’autre temps, furent sur certains plans, ses adversaires. La question fait jaser dans le Landernau gaucho féministe. Que n’ai- je reçu comme anathèmes de mon camp parce que je figurais aux côtés de ces « gens là » ! Que de leçons de pureté ne m’a- t-on pas assénées ! Comment pouvais- je me commettre avec eux ? Ah ! le purisme ! Il est souvent la forme masquée d’une intolérance méprisante et le paravent de l’impuissance ».
Naturellement, ces propos provoquèrent quelques remous dans la salle. Le journaliste Ivan Rioufol parla de quelques sifflets, mais d’une majorité d’applaudissements dans la public .
Par ailleurs, dans des banquets républicains organisés par Résistance républicaine, il arrive parfois que Christine Tasin ou Pierre Cassen soient interpellés par des catholiques classés traditionnalistes, sur la réalité du combat laïque, et son hostilité supposée au catholicisme. Le débat est parfois vif, mais toujours respectueux.
On a même vu, un débat, lors du lancement du site « Enquête et Débats », en juin 2010, opposant, sur le thème de la défense d’Eric Zemmour, notre fondateur, Pierre Cassen, à Franck Abed, monarchiste et catholique traditionnaliste assumé. Et, à partir de 46’30 », la question de l’avortement est évoquée entre deux débatteurs qui n’ont pas du tout la même approche de la question. Là encore, le débat est sévère, mais respectueux.
http://www.enquete-debat.fr/archives/echec-et-mat-pour-ou-contre-eric-zemmour
D’autre part, Riposte laïque est un journal tourné vers une grande culture du débat. Ainsi, notre rédactrice, Anne Zelensky, a accepté de débattre avec Philippe Isnard, cet enseignant de l’Education nationale, suspendu pour avoir diffusé dans sa classe un documentaire anti-avortement. Riposte Laïque est capable de faire travailler ensemble des catholiques déclarés, comme Myriam Picard, et des athées militants, dans le plus grand respect réciproque. Notre journal peut publier des textes expliquant que le christianisme était porteur en lui du concept de laïcité (comme l’explique ci-dessous Véronique Hervouet), et d’autres écrits donnant la parole à des anti-cléricaux viscéraux, vouant aux gémonies toutes les croyances, parfois en des termes assez provocateurs.
http://www.ripostelaique.com/Assumer-notre-heritage-chretien.html
Notre dessin de page une, montrant le Pape en train de boire un demi, nous vaut très souvent des mises en demeure de catholiques qui s’estiment insultés par ce montage. Ce à quoi nous répondons inlassablement que nous sommes pour le droit au blasphème, et qu’on ne peut pas soutenir les caricaturistes danois, et leurs caricatures de Mahomet, si on s’interdit de faire la même chose pour les symboles de la religion chrétienne.
Pourquoi ces quelques rappels ? Nous appelons de nos voeux la construction de la Résistance à l’islamisation de la France. Forcément, se trouve posée la question de la composition de cette Résistance.

Il se tiendra, ce dimanche, une « marche pour la vie », à l’appel d’associations qui combattent ouvertement la loi Veil, qui considèrent l’avortement comme un crime, et parlent, souvent en termes difficilement supportables, de la souffrance et des cris des foetus assassinés, voire carrément de génocide. Nous assumons la culture de Riposte Laïque, qui s’inscrit dans le combat féministe pour le droit à la contraception, et au libre choix de garder un enfant non désiré, ou d’avorter. Nous nous réjouissons qu’aujourd’hui, en Europe, il ne demeure que quatre pays qui considèrent encore l’avortement comme un délit.
Pour autant, les voltairiens que nous sommes reconnaissent le droit aux catholiques traditionnalistes de manifester et de défendre leurs valeurs, fussent-elles opposées aux nôtres. Là où le Rubicon est franchi, c’est quand, derrière le tristement célèbre Xavier Dor, de véritables commandos anti-IVG, dans les années 1995, notamment dans les Yvelines, menaient des actions violentes, traumatisantes pour les femmes, venaient perturber, dans les hôpitaux, en s’enchaînant, des actes médicaux, priaient avec le chapelet dans la main et parfois détruisaient du matériel hospitalier. Ces gens- là se montraient, par la force, prêts à remplacer les lois de la République par leurs lois, les lois divines. Ce qui est inacceptable pour les républicains que nous sommes.
Aujourd’hui, en France, la situation a changé. Plus personne, pas même ceux qui iront manifester dimanche pour le droit à la vie, n’envisage possible de revenir sur la loi Veil. Même le Front national, longtemps le fief des catholiques traditionnalistes, vient de porter à sa tête une femme qui revendique la défense du droit à l’IVG.
Alors, ceux qui, par conviction religieuse, par éthique ou par philosophie sont contre l’avortement ont toute leur place dans la Résistance à l’islamisation de notre pays, à nos côtés. Dans le livre, « 2048, La Mosquée Notre Dame de Paris », dont notre ami Docdory avait rédigé une remarquable critique, on voit d’ailleurs le rôle joué, dans la Résistance, par le père Lotaire, un catholique traditionnaliste, disciple de Mgr Lefevre, aux côtés d’un athée, poseur de bombes.
http://www.ripostelaique.com/Le-roman-La-mosquee-Notre-Dame-de.html
Il ne faut pas oublier les propos de Pierre Brossolette, le 18 juin 1943, à Londres :  » Sous la Croix de Lorraine, le socialiste d’hier ne demande pas au camarade qui tombe s’il était Croix de Feu. Dans l’argile fraternelle du terroir, d’Estienne d’Ovres et Péri ne se demandent point si l’un était royaliste et l’autre communiste. Compagnons de la même libération, le père Savey ne demande pas au lieutenant Dreyfus quels Dieux ont invoqués ses pères… »
Que conclure de ces quelques rappels ? Que la Résistance à l’islamisation de nos pays fera sauter les clivages traditionnels. On retrouve, dès aujourd’hui, aux côtés des islamistes, des personnes de gauche qui ont lutté pour le droit à l’avortement, et des chrétiens qui pensent que la foi doit souder les croyants, contre les athées et les laïques.
Et on retrouvera, comme dans le 18 décembre, du côté de la Résistance, des personnes (très majoritaires) qui défendent bec et ongles le droit à l’avortement, et une frange de résistants, dont des catholiques traditionnalistes, qui le refusent. L’intelligence réciproque consistera à savoir travailler ensemble, ponctuellement, pour mieux continuer à se combattre, après, s’il le faut !
Quand la maison France est en feu, on ne demande pas les papiers du pompier venu éteindre l’incendie !
Et si la maison France devient majoritairement musulmane (ce qui est l’objectif avoué des islamistes), que pèseront ces débats, quand nous serons tous devenus les dhimmis d’une république islamique ? Qui mieux que Louis Aragon (capable du meilleur, ce poème, comme du pire, son hymne au Guépéou), est capable de résumer cela dans ce magnifique poème ?
Cyrano

La rose et le réséda

Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
Tous deux adoraient la belle prisonnière des soldats
Lequel montait à l’échelle et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
Qu’importe comment s’appelle cette clarté sur leur pas
Que l’un fut de la chapelle et l’autre s’y dérobât
Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles des lèvres du coeur des bras
Et tous les deux disaient qu’elle vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles au coeur du commun combat
Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
Du haut de la citadelle la sentinelle tira
Par deux fois et l’un chancelle l’autre tombe qui mourra
Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
Ils sont en prison Lequel a le plus triste grabat
Lequel plus que l’autre gèle lequel préfère les rats
Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
Un rebelle est un rebelle deux sanglots font un seul glas
Et quand vient l’aube cruelle passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
Répétant le nom de celle qu’aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle même couleur même éclat
Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
Il coule, il coule, il se mêle à la terre qu’il aima
Pour qu’à la saison nouvelle mûrisse un raisin muscat
Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
L’un court et l’autre a des ailes de Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle le grillon rechantera
Dites flûte ou violoncelle le double amour qui brûla
L’alouette et l’hirondelle la rose et le réséda
Louis Aragon